Féminicide au Havre : "La justice a laissé Johanna seule dans son combat", dénonce sa demi-sœur

Depuis lundi, la polémique enfle autour de la prise en charge de Johanna, une jeune femme de 27 ans tuée au Havre sous les yeux de ses trois enfants par son compagnon. Selon ses proches, les autorités ont laissé ses appels de détresse lettre morte. Elle avait pourtant alerté à plusieurs reprises les services sociaux et la police.
Interrogée sur notre antenne, sa demi-sœur Alicia, qui accompagnait Johanna pour un dépôt de main-courante, raconte comment cette dernière a été reçue:
"J’étais là quand elle est allée au commissariat au mois d’août, elle est ressortie dépitée, elle s’est sentie abandonnée. La première plainte qu’ils n’ont pas voulu prendre, c’était pour une gifle au visage. Ils lui ont dit que ce n’était pas assez grave. Quelques jours plus tard, son compagnon l’a regardée et lui a dit: ‘Ça fait une semaine que je réfléchis à comment je vais te tuer’. Il avait un sac poubelle, il a voulu l’étouffer avec, il a aussi essayé avec un coussin, avec ses mains. Le petit s’est réveillé, il a dit: ‘C’est pas grave, il va voir sa mère crever’ et il a pris le couteau et lui a couru après. Du coup, elle a sauté du premier étage, en risquant sa vie."
"C’était pas la première fois qu’il la frappait"
A la suite de cet événement, le compagnon de Johanna a été interpellé et placé en garde. Mais l’affaire a finalement été classée sans suite, faute de preuves permettant de caractériser l’infraction. Une décision qui révolte sa demi-sœur:
"Quand je vois une personne sauter par la fenêtre en criant à l’aide, ‘il veut me tuer’, c’est qu’il y a quelque chose de très très grave. Il y avait des témoins, un attroupement en bas de l’appartement. Et c’était pas la première fois qu’il la frappait. Johanna savait qu’elle risquait sa peau, c’est pour ça qu’elle voulait partir avec ses enfants. Elle est partie vivre chez sa sœur puis dans un foyer pour femmes battues. Elle était séparée et son compagnon lui avait dit: ‘Si moi je ne peux pas t’avoir, personne ne t’aura’. Il lui a interdit de prendre ses enfants, sous menace de la frapper.
La justice a réagi trop tard, ils ont attendu qu’elle soit morte sous les coups de poignards de son ex-compagnon pour réagir. Ça me donnerait presque envie de porter plainte contre la justice car elle n’a rien fait pour elle, elle l’a abandonnée, elle l’a laissée seule dans son combat. A part sa famille, il n’y avait personne d’autre pour l’aider."
Ce mercredi soir, le compagnon de Johanna a été mis en examen pour meurtre puis placé de détention provisoire. Leurs trois enfants ont quant à eux été confiés à un membre de la famille.