Fausse identité, tueur en série, sans-abri... Ce que l'on sait du suspect dans l'enquête des quatre corps dans la Seine

Les enquêteurs de la Brigade criminelle de Paris suspectent un mystérieux sans-abri, prétendument algérien, d'être un tueur en série, à l'origine des quatre corps retrouvés flottant dans la Seine, a appris BFMTV auprès d'une source proche de l'enquête, en confirmation des informations du Parisien.
Les victimes sont un Français de 48 ans, domicilié à Créteil, un Algérien de 21 ans résidant à Choisy-le-Roi, et deux hommes SDF: un autre Algérien âgé de 21 ans et un Tunisien de 26 ans.
Tous ont été tués en moins de 16 jours, d'après la chronologie du parquet de Créteil. Placé en garde à vue pendant quatre jours dans l'enquête concernant la découverte des quatre cadavres le 13 août, à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), le suspect a été mis en examen pour quatre meurtres ce dimanche 24 août, a appris BFMTV auprès du parquet de Créteil.
À l'issue de sa présentation devant un juge des libertés et de la détention, il a été placé en détention provisoire, a fait savoir à BFMTV son avocat, Me Antoine Ory.
Une identité incertaine
Dans un premier temps, il s'est présenté sous l'identité d'un certain "Ahmed Ben Ali", né à Oran en Algérie, le 6 septembre 2000. Lors de garde à vue, il a tout nié fermement et gardé le silence, confie une source proche de l'enquête.
Son identité n'a pas pu être confirmée mais il s'appellerait en réalité Monji et serait de nationalité tunisienne. Il habitait dans un squat au bord de Seine, à Choisy-le-Roi, tout près du lieu de la découverte des corps.
Face à son mutisme, impossible d'établir, avec certitude, un mobile ou de savoir ce qui a déclenché son passage à l'acte.
Parmi les théories envisagées, les enquêteurs le soupçonnent d'avoir commis ces crimes en série pour des motifs homophobes, qui seraient peut-être liés à l'orientation sexuelle de ses victimes. Une aversion qui pourrait notamment découler de la religion du suspect, adepte de l'islam salafiste, très rigoriste et conservateur.
Deux amis parmi les victimes
Selon une source proche de l'enquête, Monji connaîtrait les deux premières victimes, des amis à lui - contrairement aux deux autres disparus début août et avec lesquelles il n'avait pas de lien direct.
Le premier, Abdallah, a disparu le 26 juillet. Ce jeune homme avait déjà été aperçu avec le suspect. Des photos les montrent ensemble. Le deuxième, Amir, aurait disparu le 31 juillet. Il fréquentait le squat du bord de Seine à Choisy-le-Roi. Le suspect aurait utilisé sa carte bancaire après sa mort.
Monji a été contrôlé le 5 août par des policiers de Choisy-le-Roi, dans son squat, en possession de deux téléphones et de cartes d'identité qui ne lui appartenaient pas: alors qu'il se présente à eux comme "Ahmed Ben Ali", les documents sont ceux d'Abdallah et d'un dénommé Sami, identifié comme la troisième victime.
À ce moment-là, ces deux hommes n'avaient pas été signalés comme disparus. Monji a donc été mis en cause pour recel d'objets volés, et relâché.
Le 11 août, disparaît un dénommé Franz, plus âgé, domicilié à Créteil et homosexuel. D'après une source proche de l'enquête, son ADN aurait été retrouvé via une trace de sang sur les vêtements du suspect. La victime correspond d'ailleurs au corps qui présente des traces de strangulation.
Selon le parquet, il est également connu de la justice pour un vol avec dégradation dans un véhicule en janvier pour lequel il devait être jugé en septembre.
Le second suspect, qui avait été interpellé jeudi, a lui été mis hors de cause et relâché samedi soir.