Essonne: 3 à 6 ans de prison pour les exorcistes d'une jeune femme

En mai 2011, quatre personnes avaient séquestré et torturé une jeune fille qu'ils pensaient possédée par le diable. La cour d'assises de l'Essonne les a condamnés jeudi à des peines de 3 à 6 ans de prison.

Tout au long de leur procès, ils ont clamé avoir agi pour le bien d'Antoinette. Toujours convaincus, deux ans et demi après les faits, que la jeune femme était possédée par Satan. Les quatre accusés ont néanmoins été reconnus coupables, vendredi, et condamnés à des peines de 3 à 6 ans de prison.

En mai 2011, ces membres d'une secte évangélique avaient ligoté à un matelas Antoinette, 19 ans, en la privant de nourriture pendant une semaine. Ils pensaient ainsi la libérer du démon. Selon leurs avocats, Antoinette s'était brusquement mise à crier des phrases incompréhensibles, son visage s'était déformé et son comportement était devenu dangereux.

"Encore deux jours et elle était morte"

La jeune femme avait été découverte par la police dans un état de faiblesse et de maigreur extrêmes. Sur les photos montrées à la Cour et aux jurés, elle apparaît le visage squelettique, emmaillotée dans des draps et des liens de tissu. "Encore deux jours et elle était morte", a témoigné à la barre son père, visiblement très ému.

Jeudi, l'avocate générale a demandé à l'encontre des accusés des peines allant de 8 à 12 ans de prison. "La religion ne peut absolument pas être un prétexte pour enfreindre la loi", a-t-elle argué. "La religion n'excuse pas tout. C'est allé trop loin, beaucoup trop loin."

"Des individus dangereux", pour la victime

Les peines retenues par la Cour sont finalement très en deçà. Elle a en effet retenu le chef d'accusation de "séquestration", mais pas ceux d'"actes de torture et de barbarie". La peine la plus lourde, six ans ferme, a été prononcée à l'encontre d'Eric Derond, considéré comme le leader spirituel du groupe et le meneur de ces opérations.

Antoinette, âgée aujourd'hui de 21 ans, a indiqué son regret que "ce que l'avocate générale avait demandé n'ait pas été exécuté". "Je pense que ce sont des individus dangereux, surtout Eric Derond", a-t-elle regretté après l'audience.

M. T. avec AFP