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Police-Justice

Essonne: quatre "exorcistes" jugés pour actes de torture

Le procès des quatre exorcistes doit se prolonger jusqu'à vendredi.

Le procès des quatre exorcistes doit se prolonger jusqu'à vendredi. - -

Quatre personnes se réclamant d'un mouvement protestant évangélique comparaissent devant la cour d'assises de l'Essonne pour avoir séquestré et exorcisé de force une jeune Camerounaise qu'ils pensaient possédée.

Lorsqu'ils pénètrent dans cet appartement de la cité de Grigny, dans l'Essonne, ce jour de mai 2011, les policiers découvrent une scène macabre. Une jeune femme de 19 ans, d'une maigreur extrême et le corps scarifié, est ligotée dans la position du Christ, sur un matelas posé à même le sol.

Ce lundi, plus de deux ans après les faits, les quatre bourreaux de la jeune femme vont comparaître devant la justice. Quand les policiers l'avaient retrouvé, Antoinette, jeune Camerounaise, venait de passer sept jours ligotée sans manger, ingurgitant seulement un mélange d'huile et d'eau. Malgré ses blessures et son état d'affaiblissement extrême, elle avait pu être sauvée.

Les quatre suspects, trois hommes et une femme antillais, devront répondre devant la cour d'assises de l'Essonne de leurs actes. Ils sont accusés d'avoir sequestré et exorcisé de force avec actes de tortures la jeune femme. En détention préventive depuis mai 2001, ils encourent la réclusion à perpétuité.

Les blessures viennent "du démon"

Eric, l'initiateur présumé des sévices, était le compagnon d'Antoinette à l'époque des faits. Selon ses proches, il se prenait pour un leader spirituel, une sorte de prophète investi d'une mission divine. Un soir, Antoinette se serait mise à crier des phrases incompréhensibles et aurait essayé de lui sauter dessus pour le frapper.

"Au nom de Jésus, sors de ce corps", avait-il hurlé selon sa version des faits, pensant à une manifestation du diable. Après avoir été maîtrisée non sans difficulté, elle aurait finalement accepté d'être exorcisée. Et c'est pour la protéger d'elle-même que les accusés l'auraient attachée au matelas.

Les accusés nient toute forme de violence. Interrogés en garde à vue sur les blessures visibles sur le corps de la victime, ils répondent aux enquêteurs qu'elles proviennent du pouvoir du démon.

Un groupe religieux coupé de la société

Antoinette, décrite comme quelqu'un de crédule qui avait une grande peur de Dieu, avait fait la rencontre de ses futurs bourreaux trois ans auparavant par le biais de l'Eglise adventiste du 7e jour, un mouvement protestant évangélique qui compte 13.000 membres en France. Ayant coupé les ponts avec sa famille, elle s'était mise à fréquenter assidûment cette congrégation jusqu'à emménager avec Eric chez la mère de celui-ci.

En 2010, les quatre mis en cause et la jeune victime avaient été exclus de l'église de Paris et auraient alors formé un groupe dissident, vivant tous ensemble en autarcie. Peu de temps après les faits, des responsables de cette Eglise avaient exprimé leur "consternation" devant l'attitude de ces personnes, indiquant que "ce type d'exorcisme délirant" ne faisait pas partie de l'enseignement ou des pratiques des adventistes. Le procès doit durer jusqu'à vendredi.

Alexandra Gonzalez avec AFP