Refus d'obtempérer: pour l'avocat du conducteur, "rien ne justifiait l'usage des armes à feu"

Une manifestation prévue ce samedi
La famille du chauffeur du véhicule, et Amal Bentounsi, fondatrice de l'observatoire National des pratiques et des violences policières, ont annoncé une manifestation samedi 11 juin à 13h place de la République à Paris. Seront présentes d'autres familles de victimes décédées suite à des interventions policières.
Les manifestants vont notamment demander le retrait de la loi de 2017 et notamment son article 435-1, qui légifère le droit de l'utilisation des armes par les forces de l'ordre.
Ils vont aussi parler de l'appel à témoins lancé pour essayer de récupérer des témoignages et vidéos de l'intervention de police et de la fusillade de samedi dernier.
Ouverture d'une seconde information judiciaire
Tandis que la garde à vue du conducteur a donc été levée, une seconde information judiciaire a été ouverte. Selon la communication du parquet de Paris, elle relève des chefs de "tentative d'homicide volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique", "refus d'obtempérer aggravés", "conduite d'un véhicule malgré injonction de restituer son permis de conduire", "récidive de conduite en ayant fait usage de stupéfiants et sous l'empire d'un état alcoolique".
Le conducteur interrogé par le juge d'instruction
L’avocat du conducteur Ibrahim Shalabi a déclaré que l'homme avait été interrogé ce jeudi matin par un juge d'instruction, à l’issue de sa garde à vue.
Son état de santé ne permettant pas un déplacement jusqu'au Palais de Justice c'est le magistrat qui devait se rendre auprès de lui à l'hôpital. Il s'agit d'un premier interrogatoire de comparution, en vue de sa potentielle mise en examen.
Femme tuée : "elle a été victime du comportement du conducteur, et victime des tirs policiers", déclare l'avocat des trois policiers
La jeune femme morte dans le véhicule samedi, touchée par les tirs des policiers "est une véritable victime", a déclaré ce jeudi sur BFMTV maître Laurent-Franck Liénard, avocat des trois policiers. "Elle a été victime du comportement de ce conducteur, et victime des tirs policiers évidemment".
"S'ils n'avaient pas tiré ils auraient été percutés et ils seraient morts", assure l'avocat des trois policiers
"Mes clients disent que s'ils n'avaient pas tiré ils auraient été percutés et ils seraient morts aujourd'hui, ils en ont la certitude" a assuré maître Laurent-Franck Liénard, avocat des trois policiers, ce jeudi sur BFMTV. Mais "les éléments factuels de ce qu'il s'est passé à Barbés c'est couvert par le secret d'instruction", rappelle-t-il.
Lorsque les policiers tirent, "c'est parce que c'est indispensable", assure l'avocat des trois policiers
Maître Laurent-Franck Liénard, avocat des trois policiers, a assuré que les policiers "font preuve de mesure, ils font preuve de professionnalisme, ils ont une vraie inhibition à l'usage de l'arme" car "ils savent que s'ils l'utilisent, les suites vont être terribles" donc "lorsqu'ils tirent, c'est parce que c'est indispensable pour sauver une vie".
"Les policiers ne tuent pas, ils tirent quand véritablement ils ne peuvent pas faire autrement, et ils prient pour que les personnes ne meurent pas" a-t-il répété. "Les policiers qui ont dû faire usage de leur arme et entrainé la mort de quelqu'un sont dans un désarroi complet", et ils ont besoin d'un suivi psychologique par la suite.
"Rien ne justifiait l'usage des armes à feu", déclare l'avocat du conducteur
Maître Ibrahim Shalabi, avocat du conducteur, a répété ce jeudi que "rien ne justifiait l'usage des armes à feu des policiers dans le contexte qui est connu aujourd'hui".
"Un refus d'obtempérer n'est jamais considéré comme une situation de danger sauf si circonstances particulières. Ici les circonstances particulières n'existaient pas. Rien ne justifie l'usage des armes à feu dans ce contexte là", a-t-il déclaré.
"Arrêtons de criminaliser les victimes", déclare le collectif "Urgence notre police assassine"
Amal Bentounsi, du collectif "Urgence notre police assassine", a insisté sur le caractère de victime du conducteur du véhicule, blessé par les tirs des policiers. "En France la peine de mort a été abolie", déclare-t-elle, pointant du doigt "cette tendance a toujours vouloir justifier, et à criminaliser les victimes de façon à ce que l'opinion publique se désolidarise de la victime".
Le conducteur est très défavorablement connu des services de police, avec 80 mentions au fichier de Traitement des antécédents judiciaires (le TAJ). Il conduisait sans permis, celui-ci ayant été annulé.
Mais il faut "rappeler que le passé judiciaire de la personne n'a rien à voir avec ce qu'il s'est passé", déclare Amal Bentounsi. "Arrêtons de criminaliser les victimes (...) On nous montre du doigt quelque chose d'autre alors que c'est eux [les policiers] qui sont responsables".
"Mon frère n'aurait jamais été capable de foncer sur la police", assure la soeur du conducteur
"Je sais que mon frère n'aurait jamais été capable de foncer sur la police ou d'écraser la police... Il n'a jamais fait preuve de violence", assure la soeur du conducteur ce jeudi lors d'une conférence de presse. "Il est vrai que mon frère a eu des problèmes avec la Justice, mais ca ne permet pas de justifier ou de légitimer les violences qui ont été faites ce samedi sur lui et les personnes de la voiture. Je rappelle qu'il y a eu un décès".
Le conducteur "toujours hospitalisé en soins intensifs", déclare sa soeur
"Aujourd'hui mon frère est toujours hospitalisé en soins intensifs, il est mal en point, mais son état s'améliore", a déclaré la soeur du conducteur ce jeudi en conférence de presse. "Je n'ai pas pu lui parler, je ne l'ai pas encore vu, c'est un déchirement de ne pas pouvoir voir son frère sachant tout ce qu'il traverse."
La famille du conducteur, adresse ses condoléances à celle de la passagère morte
"Ma famille et moi-même se joignons à la famille de Rayana pour leur adresser nos condoléances et leur dire que nous partageons leur peine", a déclaré la soeur du conducteur au début de la conférence de presse ce jeudi.
L'avocat de la famille du conducteur s'exprime ce jeudi matin
L'avocat de la famille du conducteur s'exprimera ce jeudi matin lors d'une conférence de presse. Il sera accompagné de la soeur du conducteur et du collectif "urgence la police assassine".
Le conducteur, qui a été blessé, est soupçonné d'avoir refusé un contrôle de police samedi dernier à Paris. Il a été placé mardi en garde à vue dans l'enquête ouverte notamment pour "tentative d'homicide sur personne dépositaire de l'autorité publique".
Une plainte de la famille de la passagère tuée contre le conducteur et contre X
La famille de la passagère de la voiture tuée par des tirs de policiers samedi à Paris a déposé plainte à la fois contre le conducteur et contre X pour "homicide involontaire et mise en danger de la vie d'autrui".
Selon l'avocate, la jeune femme ne connaissait pas le conducteur, qu'elle avait rencontré un peu plus tôt en boite de nuit, et a demandé à sortir du véhicule.
"Tentative d'homicide", "refus d'obtempérer", "violences volontaires": plusieurs enquêtes en cours
Après les tirs de trois policiers samedi à Paris sur un véhicule refusant d'obtempérer, qui ont tué une passagère du véhicule et blessé grièvement son conducteur, une enquête a été ouverte pour "tentative d'homicide sur personne dépositaire de l'autorité publique", a annoncé la procureure de Paris mardi.
L'enquête est également ouverte pour "refus d'obtempérer aggravé par la mise en danger d'autrui, conduite malgré annulation du permis de conduire et conduite sous l'empire d'un état alcoolique et après avoir fait usage de substances classées comme stupéfiants", selon un communiqué.
Une information judiciaire a également été ouverte à l'encontre des trois policiers, notamment pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner", "violences volontaires avec usage ou menace d'une arme ayant entraîné une incapacité totale de travail de plus de huit jours" d'une part et "n'ayant pas entraîné d'incapacité totale de travail" d'autre part, par personne dépositaire de l'autorité publique.