Emeutes de Moirans: douze personnes devant la justice

Onze mois se sont passés depuis les violences qui avaient éclaté à Moirans, en Isère. Voitures brûlées, routes bloquées, ligne SNCF bloquées... les dégâts étaient très importants. Ce lundi début le procès de 12 prévenus dans ce dossier devant le tribunal correctionnel de Grenoble. Le procès doit durer 15 jours. Ces hommes et ces femmes, qui comparaissent libres, encourent une peine de 10 ans de prison.
Le 20 octobre 2015, entre 50 et 100 personnes, appartenant à la communauté des gens du voyage, armées de barres de fer, ont bloqué pendant plusieurs heures le quartier de la gare à Moirans, dans l'Isère, brûlant des carcasses de voitures et des palettes, saccageant un restaurant et bloquant la route et les voies SNCF. Une trentaine de voitures ont été incendiées et 120 trains ont été bloqués. Le préjudice est évalué à plusieurs centaines de milliers d'euros.
Refus d'un juge
Ces violents incidents avaient éclaté après le refus d'un juge des libertés et de la détention d'accorder une permission de sortie à Mike Vinterstein, 24 ans, pour assister aux obsèques de son frère de 17 ans, qui avait trouvé la mort quelques jours auparavant à bord d'un véhicule volé lors d'un cambriolage.
Face aux nombres de personnes impliquées et aux importants dégâts, il aura fallu près de trois mois pour que l'enquête donne ses premiers résultats. Le 18 janvier, 15 personnes ont été interpellées lors d'une vaste opération de gendarmerie mobilisant près de 300 hommes. Si trois mineurs doivent être présentés à un juge d'instruction, les douze prévenus jugés à partir de lundi sont âgés entre 18 et 58 ans.
Peu de personnes jugées
Parmi ces neuf hommes et trois femmes figure la mère de Mike Vinterstein, Adèle, 45 ans. Tous n'appartiennent pas à la communauté des gens du voyage et six ont un casier judiciaire vierge. L'un d'entre eux en revanche affiche treize condamnations, notamment pour des vols aggravés. La plus âgée, Thérèse Cornero, 58 ans, est une retraitée, grand-mère de trois petits enfants.
"Elle trouvait injuste que le jeune (Mike) ne puisse pas aller aux funérailles. Elle est allé manifester son mécontentement dans la rue et avait imaginé ça comme un rassemblement mais ne pensait pas que ça allait prendre cette tournure", assure son avocat, Me Emmanuel Decombard, qui défend cinq prévenus.
Des questions se posent par ailleurs quant au nombre de personnes qui vont comparaître face au au nombre d'émeutiers présents ce soir-là dans les rues de Moirans. Il y a "une grosse distorsion" entre le nombre d'émeutiers (une centaine selon certaines sources) et la douzaine de prévenus, note Me Denis Dreyfus, avocat de la commune, qui s'est portée partie civile.
"On est loin du compte", note-t-il, les personnes à l'origine des faits ayant été "débordées par l'incendie qu'elles ont allumé". L'avocat salue néanmoins la "rapidité de la réponse judiciaire" dans cette affaire.