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Police-Justice

"Elle volait des goûters dans les poubelles": une policière témoigne du calvaire d’Amandine, morte de faim à 13 ans

La cour d'assises de l'Hérault, au tribunal de Montpellier, le 9 janvier 2024

La cour d'assises de l'Hérault, au tribunal de Montpellier, le 9 janvier 2024 - Pascal GUYOT © 2019 AFP

La policière qui a dirigé l'enquête ouverte après la mort d'Amandine est revenue sur le calvaire de l'adolescente ce mercredi 22 janvier.

Elle a dirigé l’enquête dès la découverte du petit corps décharné d'Amandine. Une policière a pris la parole devant la cour d’Assises de l’Hérault, ce mercredi 22 janvier.

C’est elle qui a interrogé Sandrine P., la mère d’Amandine, jugée depuis lundi pour "actes de torture et de barbarie ayant entraîné la mort", pendant sa garde à vue. De longues heures durant lesquelles la mère n’a jamais avoué avoir frappé ou affamé sa fille de 13 ans jusqu'à sa mort.

"Elle disait insister auprès de sa fille pour qu’elle mange", a expliqué la policière. Sandrine P. a tenu cette ligne de défense des années durant. Mais ce mardi 21 janvier, la mère de famille a enfin avoué. Elle a reconnu les "violences" et les "actes de tortures et de barbarie" sur Amandine.

Quatre ans après la mort de sa fille, Sandrine P. a craqué après la diffusion d’un enregistrement audio réalisé en 2019 par une jeune voisine à Montblanc (Hérault). On y distingue la voix de la mère de famille, puis les cris, les pleurs et les larmes d’Amandine: "aïe, aïe, arrête, pas ça, j’ai mal…". Pour la première fois, Sandrine P. a reconnu l'horreur. Pour la première fois, ses larmes ont coulé dans la cour d’Assises de l’Hérault.

"Elle semble désarticulée"

Ce mercredi 22 janvier, la policière est revenue longuement sur le calvaire d’Amandine, et les nombreux signalements des professionnels de l’Éducation nationale dès l’école primaire.

"Elle volait des goûters dans les poubelles", a rapporté la fonctionnaire devant la cour d'Assises de l'Hérault. "Elle avait des bleus, et tentait de s’en justifier." À l’une de ses camarades, Amandine "avait expliqué qu’elle était punie de manger, et qu’elle était enfermée dans une pièce".

Une pièce vétuste dans laquelle des caméras de vidéosurveillance avaient été installées, a rappelé le président de la cour d’assises de l’Hérault. Sur les images, on voit Amandine nue, recroquevillée. "Elle semble désarticulée", a relevé le président de la cour.

Dans ce débarras, Amandine est coupée de toute vie sociale. Un jour, son beau-père, Jean-Michel C., jugé pour "privation de soins et de nourriture ayant entraîné la mort", s’en est allé avec les enfants à la rivière. Amandine, elle, est restée enfermée à "faire des lignes", des punitions infligées par sa mère, sur des cahiers dans le cagibi, a rappelé le président de la cour d’Assises de l’Hérault.

À distance, grâce aux caméras de vidéosurveillance reliées à son téléphone portable, Jean-Michel C. a vu Amandine s’effondrer. C’était le 5 juin 2020, la veille de sa mort.

Mélanie Betrand avec Charlotte Lesage