Doutes sur l'efficacité de la police après les tueries

Se réclamant d'Al Qaïda et déjà détenu en Afghanistan pour des attentats à la bombe à Kandahar, ce Français d'origine algérienne de 24 ans était selon le ministre de l'Intérieur Claude Guéant sous surveillance de la Direction centrale du renseignement intérieur "depuis plusieurs années", notamment à la suite à deux séjours en Afghanistan et au Pakistan.
Mohamed Merah, assiégé par la police dans un immeuble où il s'est retranché dans la nuit de mardi à mercredi, était par ailleurs en possession d'un véritable arsenal, dont une kalachnikov, une mitraillette uzi et plusieurs armes de poing. La police a en outre saisi mercredi sur ses indications une voiture "remplie d'armes" selon une source policière. Mais il n'y avait "aucun élément de nature à penser qu'il préparait une action criminelle", a estimé Claude Guéant.
Marine Le Pen a au contraire jugé que le "risque fondamentaliste" avait été sous-estimé en France, et que, dans cette affaire, la France payait le prix de son engagement militaire en Afghanistan. "Je crois que le risque fondamentaliste a été sous-estimé dans notre pays, que des groupes politico-religieux se développent face à un certain laxisme", a déclaré la présidente du Front national sur i-télé. "Il faut maintenant mener cette guerre contre ces groupes politico-religieux fondamentalistes qui tuent nos enfants", a-t-elle ajouté.
« On croyait la mouvance islamiste intégriste, neutralisée en France »
Le recteur de la Grande mosquée de Paris lui-même s'est dit abasourdi que l'auteur présumé des tueries de Toulouse et de Montauban se réclame d'une mouvance islamiste intégriste qu'il croyait "neutralisée" en France par les services de police : "Ce que je peux dire c'est l'abasourdissement, c'est véritablement la surprise la plus totale que (...) tous ces méfaits inqualifiables qui ont lieu depuis une dizaine de jours soient d'une mouvance intégriste, djihadiste et de type terroriste dont on croyait qu'ils étaient cadrés et neutralisés et en tout cas complètement inoffensifs dans notre pays", a déclaré Dalil Boubakeur sur i>télé.
Bayrou : « Des signes inquiétants pour la France »
Pour François Bayrou, cet événement, sans précédent dans les annales criminelles, présente des "signes inquiétants pour la France", et pose la question de la sécurité dans le pays. "C'est la question de la sécurité, c'est la question de l'état de la société française dans laquelle il y a des germes (...) explosifs et hélas de la facilité avec laquelle on peut faire entrer par exemple des armes sur le territoire", a déclaré le candidat centriste sur France Info. "Il y a, chez nous, l'importation d'une radicalité extrêmement forte et une société qui est de plus en plus violente, de plus en plus intolérante et dont les responsables publics ont la charge de réorganiser l'ordre et la sécurité", a estimé François Bayrou.
La police française a arrêté depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis 914 suspects dans des dossiers islamistes et en a emprisonné 224, déjouant de possibles actions, a déclaré en septembre le directeur de la police.François Hollande a appelé de ses voeux la poursuite "sans relâche" de la lutte contre le terrorisme.
Les responsables des communautés juive et musulmane ont mis en garde mercredi contre tout amalgame ou exploitation politique des tueries de Toulouse et Montauban.