BFMTV
Police-Justice

Disparition de Karine Esquivillon: que change l'élargissement de l'enquête au chef de meurtre?

placeholder video
Initialement ouverte pour "enlèvement et séquestration", l'information judiciaire concernant la disparition de Karine Esquivillon a été élargie au chef de "meurtre" mardi soir.

Deux mois après l'ouverture d'une information judiciaire contre X pour "enlèvement et séquestration" sur la disparition de Karine Esquivillon, l'enquête a été élargie au chef de meurtre, ce mardi soir, a fait savoir à BFMTV le parquet de la Roche-sur-Yon. 

Selon nos informations, Michel Pialle, le mari de cette femme de 54 ans, qui a disparu le 27 mars dernier de son domicile en Vendée, a été placé en garde à vue, ce mercredi matin. Dans la foulée, le domicile familial de cette mère de famille, où elle résidait avec son mari et au moins deux de leurs trois enfants, âgés de 12 et 14 ans, à Maché (Vendée), a été perquisitionné.

"Une extension"

Si l'enquête a été élargie au chef de meurtre, c'est "uniquement procédural", explique à BFMTV Me Sofia Massou, avocate au barreau de Paris, "ça s'appelle un réquisitoire supplétif". "Ça signifie que dans le cadre de l'enquête, il y a des éléments qui sont apparus, permettant une poursuite supplémentaire, c'est une extension".

Cette "extension" peut permettre "d'interroger et éventuellement de poursuivre quelqu'un sur des faits complémentaires", complète l'avocat.

Si on parle de procédure, c'est parce qu'une personne ne peut être interrogée sur des faits précis seulement si une enquête est ouverte dessus. En d'autres termes, si les enquêteurs veulent interroger Michel Pialle sur un éventuel meurtre, élargir l'information judiciaire au chef de "meurtre" est nécessaire. "Mais il s'agit bien d'une extension, les chefs d'enlèvement et de séquestration ne disparaissent pas", précise Me Sofia Massou.

"En d'autres termes, on élargit le champ des investigations", poursuit Me Sofia Massou.

Mais du côté de la garde à vue, rien ne change pas, "elle ne peut pas excéder 48 heures", selon Me Massou.

"Éviter un vice de procédure"

En revanche, ajoute Me Léon Lef-Forster, "ça ne signifie pas que les enquêteurs ont des indices supplémentaires".

"Parfois, c'est simplement pour permettre un interrogatoire plus large", précise le pénaliste.

Il s'agit aussi d'éviter "un vice de procédure", enchaîne Me Sofia Massou. "Ça ne montre rien. Il s'agit surtout d'être dans les clous", poursuit-elle. "Lors d'un placement en garde à vue, on notifie à la personne les motifs de celle-ci. Si on lui dit qu'elle est entendue pour une disparition et qu'on lui pose finalement des questions sur un éventuel meurtre, il y a atteinte au droit de la défense", analyse Me Massou, qui précise que la garde à vue peut éventuellement être contestée.

Depuis la disparition de sa femme, le 27 mars dernier, Michel Pialle n'a cessé d'affirmer qu'elle était partie volontairement de leur domicile de Maché. Mais plusieurs des cinq enfants de la disparue ainsi que sa sœur ont pris la parole dans les médias pour exprimer leurs doutes sur cette version, et leur inquiétude. Selon nos informations, les enquêteurs ont constaté que l'homme avait donné différentes versions sur le jour de la disparition de sa femme, qu'il n'a signalé qu'une semaine plus tard.

À ce stade, l'information judiciaire est toujours ouverte contre X et Michel Pialle reste présumé innocent.

Manon Aublanc