Diffusion des conversations Merah/police : réactions

Mohamed Merah - -
C’était la première fois que le grand public entendait sa voix. Dimanche soir, lors de son émission Sept à huit, TF1 diffusait un extrait des conversations tenues entre Mohamed Merah et des policiers lors du siège de son appartement, les 21 et 22 mars derniers à Toulouse.
Soupçonné d’avoir tué 7 personnes dans la région, dont trois militaires et trois enfants de l’école juive Ozar Hatorah, il s’était retranché chez lui pendant de nombreuses heures avant de trouver la mort lors de l'attaque. C’est un homme calme et déterminé qu’ont pu découvrir les téléspectateurs.
« Il le dit, il est en guerre »
Pour la présidente du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) en Midi-Pyrénées, Nicole Yardeni, c’est la preuve de la détermination du tueur : « Ce n’était pas quelqu’un de fou qui avait pété les plombs, mais une idéologie totalitaire, très proche de l’idéologie nazie, qui est celle d’un Islam d’Al Qaïda. Il le dit, il est en guerre. Le tueur de Montauban a tué des Croisés et des juifs, c’est tout à fait à l’image de ce pourquoi il a été entraîné. »
« Cette idéologie nourrit des gens qui veulent nous assassiner »
La diffusion des extraits n’a pas convaincu tout le monde pour autant. « Peut-être qu’il faudrait le lire, explique Nicole Yardeni, ça donnerait la distance nécessaire, car entendre sa voix a quelque chose de profondément dérangeant, mais le lire permet cette distance. On peut regretter que beaucoup l’aient entendu, mais il faut savoir de quoi il retourne, il faut savoir que cette idéologie existe, et qu’elle nourrit des gens qui font la guerre et veulent nous assassiner, nous tous. »
« Le testament de Merah, ce ne sont pas ces bavardages, ce sont ses crimes »
Dimanche soir, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a dit regretter la diffusion de ces conversations, jugeant qu’aucune « précaution n'(avait) été prise pour respecter les familles des victimes » du tueur au scooter.
Le Parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour violation du secret de l'instruction, confiée à la police des polices. Samia Maktouf est avocat de la famille Chenouf, la famille de l’une des victimes tuées à Montauban : « Je suis outrée, tout comme mes clients. Au-delà même du contenu, c’est le fait qu’une bande sonore sous scellé ait pu passer à la télévision. Vendredi dernier, nous avons été prévenus de l’arrivée dans le dossier de cette retranscription de la négociation, et nos clients découvrent ça à la télévision ! On ne comprend pas qu’il puisse y avoir une atteinte aussi manifeste au secret de l’instruction. »
« Le testament de Merah, ce ne sont pas ces bavardages, ce sont ses crimes », ajoute Patrick Klugman, l'un des avocats des victimes.