Des policiers expriment leur malaise sur Youtube

Rompant leur devoir de réserve, des policiers français ont récemment mis en ligne trois vidéos pour dénoncer la politique du chiffre voulue par le gouvernement et le discours officiel sur la sécurité. /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau - -
Rompant leur devoir de réserve, des policiers français ont récemment mis en ligne trois vidéos pour dénoncer le discours officiel sur la sécurité et ce qu'ils considèrent comme la politique du chiffre voulue par le gouvernement.
Le collectif, dénommé FPC, promet de nouvelles « révélations» au mois de décembre. Selon la hiérarchie policière a ordonné une enquête de l'Inspection générale des services sur cette initiative, notamment sur les conditions de tournage dans des locaux de police, y compris devant des cellules.
Sur les vidéos, des policiers filmés de dos et portant des perruques dénoncent l'explosion du nombre de gardes à vue, les arrangements avec les statistiques de l'insécurité ou les suicides dans la police. S'appuyant sur des exemples concrets, ils déplorent « les interpellations à tour de bras » ou le harcèlement des automobilistes en vue de les verbaliser « alors qu'auparavant, une petite remontrance suffisait ».
« On se demande quelle est la finalité de ces vidéos »
Cette politique découle, selon eux, de la volonté de Nicolas Sarkozy de rétribuer la hiérarchie policière au mérite pour obtenir de meilleurs résultats contre l'insécurité. « Les discours politiques, je pense que ces gens-là ne doivent pas voir la réalité du terrain », dit un policier du collectif. « On se sert de la police pour se faire élire » ajoute-t-il, visant sans le nommer le chef de l'Etat.
Les syndicats de policiers sont partagés quant à ces vidéos. Si certains estiment qu’elles sont crédibles et peut-être réalisées par de vrais fonctionnaires, d’autres sont plus sceptiques. Interrogé sur RMC, Denis Jacob, l’un des responsables du syndicat de Alliance, estime que « ces vidéos n’apportent rien de nouveau, ni pour la Police Nationale, ni pour les fonctionnaires de police qui ont des syndicats qui sont à même de dénoncer tous ces problèmes. On est très sceptiques sur l’authenticité des personnes qui témoignent. Ce qui ne remet pas du tout en cause le fond, sur des choses qui sont avérées en matière de suicide dans la police, de gardes à vue ou de politique du chiffre. Mais on se demande quelle est la finalité de ces vidéos ».