Des étudiants en 1e année de médecine recalés après une nouvelle épreuve orale saisissent la justice

"L’année dernière, sans la réforme, on serait passés." Quelques jours après les résultats de leurs examens de première année de médecine, une dizaine d'étudiants parisiens n'en reviennent toujours pas d'avoir été ajournés, et donc écartés d'une entrée en deuxième année de ce prestigieux cursus.
Manque de préparation
Depuis la réforme des études de santé, les étudiants dont les notes écrites ne permettent pas une admission directe, les "grands admis", doivent désormais en passer par un oral, dont la note équivaut à 70% de l'évaluation finale. Lors de cette épreuve, les prétendants sont interrogés sur des sujets divers, souvent bien éloignés de la médecine, durant une vingtaine de minutes face à un jury de 12 personnes.
Célia Tulga, étudiante en première année de médecine déclassée après l’oral, qui dénonce sur BFMTV le manque d'informations autour de l'épreuve. "On a eu un power-point de 35 diapositives qui nous expliquait les modalités, il nous disait seulement comment ça allait se dérouler, qu’il fallait bien se tenir, qu’il fallait être bien habillé... La seule préparation c’était la lecture de ce document", fustige-t-elle.
Selon France Info, qui a pu interroger d'autres étudiants dans la même situation, l'une d'entre elles a ainsi été interrogée sur la préservation de la barrière de corail, un domaine bien éloigné de sa formation, sur lequel elle a pourtant dû broder, document à l'appui.
"J’ai perdu 350 voire 400 places"
Dans l'esprit, cette nouvelle épreuve devait servir à évoluer les capacités orales et humaines des prétendants. Mais sans cette réforme, certains des étudiants finalement recalés auraient pu prétendre, avec leurs résultats à l'écrit, à une place en seconde année. "J’ai perdu 350 voire 400 places et au final je me vois sans rien, ni dentaire, ni médecine, je n’ai plus rien", explique Célia Tulga.
"Avec un oral de 20 minutes on a balayé neuf mois de travail, c’est aussi de l’énervement profond et de la colère qu’on a ressenti", souligne Simon Ohayon, lui aussi ajourné.
Alors pour réparer ce qu'ils considèrent comme une injustice, ces derniers ont décidé de déposer dans les jours à venir un référé suspensif auprès du tribunal administratif de Paris. Dans d'autres villes, certains étudiants et parents ont déjà déposé ce recours.
"À Marseille et à Montpellier, nous avons désormais un avocat et avons déposé un référé-suspension de toutes les décisions de l’université sur la définition des places. Il devrait être pris en urgence", souligne auprès de Télérama le membre de l'un de ces collectifs.
"Une modalité d’évaluation à part entière"
Du côté des universités, malgré des sit-in et courriers envoyés aux différents doyens, la situation ne semble pas vouloir se débloquer.
"Elles sont une modalité d’évaluation à part entière. De ce fait, tous les étudiants ont eu leur classement final évoluer dans un sens ou dans l’autre", souligne l'université de Paris sur son site internet.
Selon l'un de ses porte-parole interrogé par Le Parisien, les oraux n'ont pas été inégalitaires et ont permis de respecter les capacités d'accueil. "L’année aura été très difficile et la mise en place de ces nouvelles procédures pour la 2e année de médecine aura vraiment suivi les recommandations du ministère", assure-t-il auprès du quotidien francilien.