BFMTV
Police-Justice

Corruption: la justice française enquête sur une vente de sous-marins au Brésil

Le Scorpène est un sous-marin d'attaque conventionnel, fabriqué par les chantiers français DCNS, ici à Cherbourg le 21 octobre 2003.

Le Scorpène est un sous-marin d'attaque conventionnel, fabriqué par les chantiers français DCNS, ici à Cherbourg le 21 octobre 2003. - MYCHELE DANIAU, AFP/Archives

Confirmation est faite que le Parquet national financier a, en octobre 2016, ouvert une enquête sur la vente en 2009 par la DCNS de sous-marins au Brésil. Un contrat de 6,7 milliards d'euros.

La justice française enquête sur des soupçons de pots-de-vin autour d'une gigantesque commande de sous-marins passée à la France par le Brésil en 2008, pour plusieurs milliards d'euros, rapportait samedi Le Parisien. Le parquet national financier (PNF) a ouvert en octobre une enquête préliminaire pour "corruption d'agents publics étrangers" autour de ce contrat signé le 23 décembre 2008, à l'occasion d'une visite de Nicolas Sarkozy, alors président de la République, à son homologue Lula, selon le site internet du journal. 

Contacté par l'AFP, le PNF n'a "ni confirmé, ni infirmé" les informations du Parisien. Mais une source proche de l'enquête a confirmé à BFMTV qu'une enquête avait été ouverte par le PNF en octobre 2016.

Un contrat de 6,7 milliards d'euros

Le Brésil avait, entre autres contrats, commandé quatre sous-marins d'attaque Scorpène. Ce programme, qui vise à protéger les côtes et les gisements de pétrole en eaux très profondes du Brésil, prévoit aussi d'importants transferts de technologie, la construction d'un chantier naval, d'une base militaire et d'un sous-marin à propulsion nucléaire.

Le Scorpène est un sous-marin d'attaque conventionnel, fabriqué par les chantiers français DCNS, en coopération avec l'industriel espagnol Navantia.

Le constructeur naval DCNS a fait savoir qu'il n'avait "rien à voir avec l'affaire 'lava jato'", "lavage express", du nom d'une tentaculaire enquête anticorruption en cours au Brésil. L'entreprise "respecte partout dans le monde scrupuleusement les règles de droit", a indiqué un porte-parole.

Une source de la présidence française avait à l'époque évalué le contrat sur les sous-marins à 6,7 milliards d'euros dont 4,1 milliards pour la France, le reste allant à des entreprises brésiliennes.

La patronne du PNF s'est rendue au Brésil

Selon Le Parisien, le PNF s'interroge sur le versement éventuel de pots-de-vins, suivis de rétrocommissions, à cette occasion. DCNS est partenaire au Brésil du géant du BTP Odebrecht, au coeur du méga-scandale de corruption qui agite le pays au travers du groupe pétrolier d'Etat, Petrobras. Odebrecht est accusé de verser systématiquement des pots-de-vin à des responsables politiques pour truquer des marchés publics. En avril dernier, le président de DCNS Brésil, Eric Berthelot, avait assuré que ces enquêtes ne "touchaient qu'Odebrecht elle-même."

La patronne du PNF Eliane Houlette s'est rendue récemment au Brésil, avec toute une délégation dont faisait partie Thomas de Ricolfis, le chef des policiers de l'office anticorruption français (Oclciff). 

Dans un communiqué du 9 mai, son hôte brésilien, le procureur général de la République Rodrigo Jano, avait évoqué la possibilité de mener des enquêtes conjointes sur des "cas concrets" de corruption "intéressant les deux pays."

Le Brésil est secoué par des scandales de corruption à répétition, visant l'actuel président Michel Temer, mais aussi ses prédécesseurs: l'icône de la gauche Luis Inacio Lula da Silva dit "Lula" (président de 2003 à 2010) et Dilma Rousseff (2010-2016).

D. N. avec Sarah-Lou Cohen et AFP