Clichy-sous-Bois : « On espère qu’il y aura un procès »

Clichy-sous-Bois - -
Y aura-t-il un nouveau procès dans l'affaire de Clichy-sous-Bois ? Mercredi, la Cour de Cassation a annulé le non-lieu en faveur des policiers dans ce drame qui avait déclenché les émeutes de 2005 en banlieue. A l’origine, Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans, avaient péri électrocutés le 27 octobre 2005 dans un transformateur EDF où ils s'étaient réfugiés lors d'une course-poursuite avec la police. C'est désormais à la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes de statuer sur la suite de cette affaire. Elle va devoir réexaminer tous les éléments à la lumière de ce qu'a dit la Cour de Cassation. Selon cette dernière, les policiers pouvaient savoir que les deux adolescents étaient sur le site EDF, la cour d'appel devrait donc décider de renvoyer les policiers devant une juridiction pour engager leur responsabilité pénale. Un procès en correctionnelle pourrait avoir lieu d'ici fin 2013 ou 2014.
« On espère que les policiers seront jugés »
« Ca nous redonne espoir, c’est un très grand soulagement, on a le sentiment que la justice fonctionne correctement, se félicite Adel Benna, le frère de Zyed. C’est une deuxième étape qui commence on espère qu’il y aura un procès et que les policiers seront jugés. On a besoin de les entendre, on a le droit à une explication, c’est le minimum ».
« La mort de ces deux enfants n’est pas le fruit du hasard »
L’avocat des familles, Me Patrice Spinosi, est plutôt « confiant sur le fait qu’il y ait un procès dans cette affaire ». Ensuite, ce sera évidemment à la justice de prendre ses responsabilités. « Ce qui est déterminant dans la décision de la cour, c’est le fait qu’il ait été caractérisé que la mort de ces deux enfants n’a pas été le fruit du hasard, qu’il y a eu un dysfonctionnement des services de police, et que les services auraient pu empêcher la mort de ces enfants. La question de savoir si ce dysfonctionnement est susceptible d’être puni, ce sera au tribunal correctionnel de le décider ».
« Le droit à une justice dans ce quartier »
Samir Mihi, président de l'association Au-delà des mots, créée après la mort des deux adolescents, à Clichy, y voit aussi un symbole. « On peut se prévaloir d’avoir droit à une justice dans ce quartier, c’est ce qui faisait un peu défaut jusqu’à maintenant. C’est vrai que c’est compliqué, c’est long, ça fait 7 ans, mais peut être que le combat en vaut la chandelle ». La preuve, aussi, qu’il faut faire confiance à l’état de droit : « Ce qu’ils ont fait en 2005, en brulant des voitures et saccageant les lieux publics, au final, ça n’aura rien apporté, alors qu’en prenant un avocat et en s’en remettant à la justice, on en est arrivé là, une décision qui peut-être leur donnera raison dans quelques années ».
« On veut faire de deux policiers les bouc-émissaires »
Mais pour les policiers, en revanche, c’est un revers. Nicolas Comte, secrétaire général du syndicat Unité SGP Police FO, regrette cette décision. « C’est une déception, ça fait 7 ans que ça dure, et il y en a encore pour plusieurs mois pour nos collègues avant de connaître les conclusions. Nous considérons que nos collègues n’ont commis aucune infraction, ils n’avaient pas conscience du péril, autrement ils leur auraient apporté assistance. On a le sentiment quand même que cette affaire a donné à lieu à 5 semaines d’émeutes et qu’on veut faire de deux policiers les bouc-émissaires de tout ça. Le plus facile, c’est de désigner les flics comme coupables, mais ils ont un peu l’habitude, c’est tous les jours de leur faute ».