"Ce n'est pas une bonne maman": Alex Batty s'exprime pour la première fois depuis son retour en Angleterre

"C'est une personne formidable et je l'aime, mais ce n'est pas une bonne maman." Le 16 décembre dernier, Alex Batty a retrouvé sa grand-mère au Royaume-Uni. Pendant six ans, depuis 2017, l'adolescent, sa mère et son grand-père ont mené une vie nomade, ne restant jamais plus de quelques mois au même endroit, d'abord au Maroc puis dans les Pyrénées françaises.
Pour la première fois depuis qu'il a été retrouvé, marchant le long d'une route près de Toulouse par un chauffeur-livreur, l'adolescent de 17 ans s'est exprimé dans la presse, dans les colonnes du Sun.
"J'ai commencé à penser à partir quand j'avais 14 ou 15 ans"
Il explique avoir eu une "dispute avec (sa) mère". "Je me suis dit que j'allais partir parce que je ne pouvais pas vivre avec elle", explique Alex Batty. "J'ai commencé à penser à partir quand j'avais 14 ou 15 ans. J'ai réalisé que ce n'était pas une bonne façon de vivre pour mon avenir", ajoute-t-il.
"Je ne sais pas ce qui se serait passer à l'avenir si j'étais resté avec ma mère, mais ces dernières années, j'ai pu me faire une idée de ce à quoi aurait ressemblé la vie. Se déplacer. Pas d'amis, pas de vie sociale. Travailler, travailler, travailler et ne pas étudier. C'est la vie que j'imaginais mener si je restais avec ma mère", confie-t-il.
L'adolescent fait part de la solitude à laquelle il était confronté, dans cette vie "nomade" au sein d'une communauté "spirituelle". "Ce serait toujours pareil, que ce soit la France ou l'Espagne. En montagne, au milieu de nulle part. Avec personne de mon âge", souligne l'adolescent.
Alex Batty avait exprimé, quand il avait "environ 16 ans", son souhait de "retourner en Angleterre" auprès de son grand-père et sa mère. Cette dernière "était contre cette idée. Elle était très anti-gouvernement et antivax. Elle craignait que si je retournais dans un pays et récupérais ma carte d'identité, je sois pris en charge par les services sociaux."
"Merde, je n'aurais rien dû dire"
Le jeune homme, qui se présentait sous le nom de "Zack Edwards", explique également avoir "menti pour essayer de protéger (sa) mère et (son) grand-père". Quand il décide de partir, avec pour objectif de rejoindre Toulouse, il tente de le faire discrètement, pour protéger ses proches.
Il a dit avoir inventé l'histoire selon laquelle il avait marché quatre jours à travers les montagnes pour brouiller les pistes, de crainte que sa mère et son grand-père ne soient arrêtés pour enlèvement d'enfant.
"Je ne me suis pas perdu. Je savais exactement où j'allais (...) J'ai dormi dehors, par terre. Il faisait glacial. Si j'avais besoin d'aller aux toilettes, j'utilisais des feuilles et de l'herbe", se souvient-il.
C'est là qu'un chauffeur-livreur, Fabien Accidini, l'a retrouvé vers 3 heures du matin, la nuit du 12 au 13 décembre, marchant sous la pluie tombant à verse. L'adolescent lui révèle alors sa véritable identité. "Je me suis dit: 'Oh Zack, qu'est-ce que tu as fait'".
Les forces de l'ordre sont raidement averties, et Alex Batty conduit au commissariat. "Je suis en morceaux sur le sol parce que je me dis: 'Merde, je n'aurais rien dû dire'. Ils m’ont pris mes empreintes digitales environ cinq fois et ont envoyé des photos à ma grand-mère".
Retrouvailles avec sa grand-mère
Trois jours après, l'adolescent s'est envolé pour Oldham, dans la région de Manchester, pour retrouver sa grand-mère. "Quand je suis rentré à Manchester, il pleuvait comme d'habitude. J'ai été reconduit chez ma grand-mère, j'ai franchi la porte et elle est dans le salon. J'ai commencé à trembler et je lui ai juste fait un gros câlin".
La justice britannique a décidé de placer le jeune homme sous mesure de protection jusqu'à sa majorité dans deux mois. Sa garde a été confiée à sa grand-mère, sous la supervision de la justice. "Ça fait du bien d'être de retour. J'ai reçu beaucoup d'aide des services sociaux et de la police et je veux aller à l'université", confie l'adolescent.
Une source judiciaire a indiqué ce vendredi à BFMTV que dès ses retrouvailles, il a été demandé aux gendarmes par les autorités britanniques de collecter des éléments pour pouvoir reconstituer, autant que possible, le périple de la famille entre les quatre départements (Haute-Garonne, Pyrénées-Orientales, Aude et Ariège).
Aucun service en particulier n'a été désigné, il appartient à chaque procureur, de chacun de ces ressorts, de faire le point avec ses propres gendarmes.