"C'était épouvantable": au procès de Depardieu, la défense "particulièrement agressive" de son avocat pointée du doigt

En quatre jours d'audience, Me Jérémie Assous fait de la salle d'audience son arène. Cheveux gominés, costume impeccable, l'avocat de Gérard Depardieu joue la provocation, confronte les deux femmes qui accusent son client d’agressions sexuelles sur le tournage du film Les Volets verts en 2021.
Me Jérémie Assous est entré en scène dès l'ouverture du procès en plaidant une première nullité, en remettant des pièces au dernier moment, en dénonçant une procédure qui n’a pas été, selon lui, équitable. En clair, Me Jérémie Assous joue la montre, alors que les conditions d'audition de Gérard Depardieu ont été strictement encadrées, compte tenu de son état de santé.
La stratégie de défense de l'avocat agace, génère des tensions dans la salle d’audience. Me Jérémie Assous adopte un discours d'une extrême brutalité, qualifiant les avocates des parties civiles "d'hystériques". Dans la salle d'audience bondée, le public retient son souffle. Me Jérémie Assous attaque et invective les parties civiles.
L'avocat de Depardieu écorche le prénom de Sarah, l'une des plaignantes. Et au dernier jour du procès, l'avocat plaide et se moque de l'autre plaignante. "Je veux bien qu'Amélie ne lise pas Le Monde parce que c'est trop compliqué. Mais qu'elle lise Closer au moins", lance l'avocat. Il moque aussi sa consoeur: "Vous êtes tellement brillante que tout le monde se presse à votre cabinet", lâche-t-il
"Vous êtes agressif depuis le début de l'audience"
Me Jérémie Assous invective également les médias. "T'es journaliste toi?", lance l'avocat à au journaliste de TF1 Paul Larrouturou, qui le questionne lors d'une suspension d'audience.
Auprès de la presse, l'avocat parisien rejette toute forme d'agressivité. "Vous êtes assez agressif depuis le début de l'audience envers les parties civiles", lui fait remarquer un journaliste. "Ah pas du tout, pas du tout", lance Me Jérémie Assous.
Toujours devant la presse, il s'attaque encore aux plaignantes: "Je vous invite à regarder de nouveau vos enregistrements, les parties civiles passent leur vie devant la télé, elles sont sur le parvis, elles sont souriantes, très heureuses d’avoir ce mur de caméras devant elles, c’est ridicule".
Dans le prétoire, il s'attaque aussi à Charlotte Arnould, une comédienne qui accuse Gérard Depardieu de l’avoir violée. Cette dernière est présente dans le public en simple soutien aux plaignantes, pourtant Me Jérémie Assous s'adresse directement à la jeune femme. Il lui annonce qu’il usera de toutes les voies de recours pour retarder un éventuel procès.
"Je comprends l'argument de rallonger la sauce de la part de Charlotte Arnould qui a déposé plainte en 2018 et qui, de recours en recours, ne verra jamais l’horizon d’un procès, mais de vous qui avez attendu deux ans pour porte plainte, qu’est-ce que ça changerait?", lâche l’avocat.
"Quel enfer cet avocat"
"Quel enfer cet avocat", partage sur Instagram l'actrice Judith Godreche, apportant son soutien à Charlotte Arnould. "Les propos de l'avocat de Gérard Depardieu lors de son procès actuel pour agressions sexuelles sont abjectes", réagit le collectif #NousToutes.
Dans leurs plaidoiries, les avocates des parties civiles ont aussi eu un mot sur ses méthodes. "On a eu une défense qui n’a pas respecté le principe du contradictoire et la loyauté des débats", dit Me Carine Durrieu Diebolt, avocate de l’une des plaignantes
"Il y a un défaut de délicatesse à notre égard. Me traiter d’avocate abjecte, ignoble, stupide. Ce sont des mots que j’ai entendus dans cette enceinte. C’est une défense particulièrement agressive que l’on éprouve, toutes", ajoute-t-elle.
"Ça a été épouvantable. L'agressivité de la défense, c'est quelque chose que je n'avais pas mesuré du tout", a réagi Amélie auprès de BFMTV. "C'était, je pense, encore plus violent que l'agression en elle-même (...) Il a pris plaisir à reformuler en hurlant les phrases de mon agression en me les faisant revivre." "C'était de la torture", "c'était épouvantable", conclut-elle.
À l'issue des quatre jours de procès, 18 mois de prison avec un sursis probatoire de 3 ans ont été requis contre Gérard Depardieu.