BFMTV
Police-Justice

"C'est la catastrophe": les forces de l'ordre confrontées à une pénurie d'uniformes depuis un changement de prestataire

placeholder video
Un marché public à 300 millions d'euros qui aboutit à une plateforme de commandes d'équipements pour les forces de l'ordre défaillante. Gendarmes et policiers sont confrontés à une pénurie d'uniformes depuis un changement de prestataire.

La colère gronde dans les rangs des forces de l'ordre. Policiers et gendarmes font face depuis plusieurs mois à une pénurie d'uniformes. En cause: la plateforme Uniforces, mise en place il y a un an, qui accumule retards et défaillances. Un investissement pour l'heure raté dont le montant s'élève à 300 millions d'euros.

À son lancement, la plateforme était présentée comme un moyen plus simple et rapide d'obtenir son uniforme et ses chaussures pour les policiers et les gendarmes. Au total, 2.500 références y sont disponibles. Mais elle a finalement tourné au fiasco logistique. Les livraisons peinent à arriver à destination et les commandes sont non conformes, voire défectueuses.

"C'est la catastrophe", résume un policier parisien préférant rester anonyme pour BFMTV. "J'ai effectué une commande sur Uniforces courant février, et depuis j'ai zéro nouvelles."

Résultat: de nombreux membres des forces de l’ordre du pays - ils sont 250.000 au total - se retrouvent rapidement en manque de vêtements pour travailler, sans parfois aucune tenue de rechange. "Aujourd'hui j'ai un pantalon, deux polos", poursuit le policier parisien. "Demain, on a une intervention et on reçoit du sang sur nous, et bien on n'aura pas d'autres choix que de garder la même tenue."

Le prestataire mis en cause

Condamnées au système D, les forces de l'ordre se prêtent parfois des vêtements pour continuer à travailler. D'autres s'approvisionnent via des fournisseurs alternatifs. Pour le syndicat Alliance Police, la situation est intolérable.

"Les unités qui sont en charge du maintien de l'ordre ont des tenues qui sont censées être non-feu et qui n'arrivent pas à destination. On met en danger des collègues", dénonce à notre micro le délégué national Emmanuel Cravello.

Ce sont les nouveaux prestataires choisis lors de l'appel d'offres l'an dernier qui sont pointés du doigt. Ils ont été sélectionnés dans le cadre du marché public.

"On peut s'interroger sur l'étude de ce marché public, avec un prestataire qui a quand même dû initialement présenter des garanties", souligne auprès de BFMTV Marc Rollang, capitaine de gendarmerie.

Le ministère de l'Intérieur assure de son côté que des pénalités ont été appliquées au prestataire. Selon Beauvau, des réunions sont régulièrement organisées pour traiter les urgences et assurer le bon fonctionnement du système.

Jérémy Brossard, Julie Roeser, Maxime Cliet-Ruzza et Thomas Hérigault, avec Juliette Moreau Alvarez