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Police-Justice

Bar "antifa" attaqué à Paris: six et dix mois requis contre deux militants d'ultradroite

Bar "antifa" attaqué: six et dix mois requis contre deux militants d'ultradroite

Bar "antifa" attaqué: six et dix mois requis contre deux militants d'ultradroite - AFP

En juin 2020, une quinzaine de personnes avaient attaqué un bar parisien emblématique de la mouvance antifasciste. Une attaque revendiquée par le groupe d'ultra droite "Zouaves Paris".

Six et dix mois de prison ont été requis vendredi à Paris contre deux militants d'ultradroite pour l'attaque d'un bar parisien emblématique de la mouvance antifasciste, tandis que la relaxe a été demandée pour les trois autres prévenus.

Pour Marc D., qu'il qualifie de "chef" de cette expédition menée le 4 juin 2020 contre le bar Saint-Sauveur, dans le quartier de Ménilmontant, le procureur a demandé 10 mois d'emprisonnement pour "dégradations", "violences" et refus de communiquer le code de déverrouillage de son téléphone lors de sa garde à vue.

De l'ADN retrouvé sur place

Il s'appuie notamment sur un message envoyé par le prévenu trois jours après les faits où celui-ci "félicite ses troupes de l'action menée" et sur la détection de son ADN sur un marteau brise-glace retrouvé près du bar.

Si le jeune homme de 23 ans reconnaît être l'auteur du message, dans lequel il conseillait à ses interlocuteurs de se débarrasser des affaires portées ce jour-là et d'effacer leurs historiques de téléphone, il nie sa présence sur les lieux.

Contre Bastien D., absent à l'audience au tribunal de Paris, le procureur a requis six mois d'emprisonnement et la révocation du sursis d'une précédente condamnation à un mois de prison pour port d'arme prohibé. Retrouvé blessé non loin du bar et hospitalisé après les faits, "sa présence sur place est difficilement contestable", fait-il valoir, évoquant aussi l'échange de messages l'incriminant et son ADN retrouvé sur une bombe lacrymogène.

Son avocate a toutefois assuré que cette bombe avait été utilisée uniquement pour se défendre de l'agression dont il a été lui-même victime.

"Il est tout simplement honteux qu'on en arrive à ces faits de violences, de dégradations" pour des différends politiques, a estimé le procureur. "Nous avons vu par le passé que ces faits ont pu mener à des drames véritables", a-t-il souligné.

La police était intervenue après l'irruption d'un groupe armé de battes de baseball et d'aérosols de gaz lacrymogène qui avait dégradé l'intérieur du bar et agressé des clients. Une personne avait été blessée, sans qu'une incapacité temporaire totale soit constatée.

Violences et dégradations

Cette attaque d'une quinzaine de personnes au visage masqué, revendiquée par le groupe d'ultra droite "Zouaves Paris", s'était produite quasiment sept ans jour pour jour après la mort du jeune militant antifasciste Clément Méric, le 5 juin 2013, lors d'une rixe à Paris entre militants d'extrême gauche et skinheads d'extrême droite.

Pour les trois autres prévenus, âgés eux aussi d'une vingtaine d'années, le procureur a requis la relaxe pour les faits de "violences" et de "dégradations", reconnaissant que le dossier ne comportait "aucun élément permettant de démontrer" leur présence sur le lieu des faits. Pour l'un d'entre eux, il réclame par ailleurs une peine de deux mois avec sursis pour refus de communiquer le code de son téléphone portable.

Les poursuites contre les prévenus reposent essentiellement sur leur identification sur une photo "floue", où il est "particulièrement difficile d'identifier des visages", sur la base de leurs "tenues vestimentaires" (tennis, bob, veste...) et, pour certains, sur le bornage de leurs téléphones portables, a poursuivi le procureur.

Les avocats des cinq prévenus ont demandé en début d'audience l'annulation de l'ensemble de la procédure, entachée selon eux d'irrégularités, requête qui sera examinée par le tribunal en même temps que le fond du dossier. La décision a été mise en délibéré au 21 janvier.

Par L.A. avec AFP