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Balcon effondré à Angers: prison avec sursis pour trois prévenus et deux relaxes

Vue le 16 octobre 2016 à Angers d'un immeuble où un balcon s'était effondré la veille au soir, entraînant dans sa chute les deux balcons des étages inférieurs, et faisant quatre morts

Vue le 16 octobre 2016 à Angers d'un immeuble où un balcon s'était effondré la veille au soir, entraînant dans sa chute les deux balcons des étages inférieurs, et faisant quatre morts - JEAN-FRANCOIS MONIER © 2019 AFP

Le drame avait causé la mort de quatre étudiants en 2016. Les condamnés sont des acteurs clés de la chaîne de construction du bâtiment.

Le tribunal correctionnel d'Angers a rendu son jugement ce mardi matin dans l'affaire du balcon effondré en 2016, qui avait provoqué la mort de quatre étudiants. Il a condamné trois prévenus à de la prison avec sursis, des peines allant de 18 mois à trois ans.

Deux autres prévenus, dont l'architecte du bâtiment Frédéric Rolland et le conducteur des travaux Éric Morand, ont été relaxés par le tribunal, provoquant des soupirs et des pleurs dans les bancs des parties civiles.

"Tout ce que j'espère, c'est que toutes les personnes ayant concouru à ce drame seront condamnées. C'est essentiel pour que les victimes se reconstruisent et apprennent à vivre avec ce drame", avait confié Me Laurence Couvreux, avocate des parties civiles, avant le jugement.

Une faute "grave" et "inexcusable"

A l'issue de quatre semaines d'audience en février et mars, le procureur de la République d'Angers avait requis la peine la plus lourde, quatre ans de prison dont deux ferme, à l'encontre de l'architecte du bâtiment, Frédéric Rolland, 66 ans.

A la barre, ce dernier avait affirmé n'être "intervenu ni sur la conception, ni sur le dessin, ni allé sur le chantier" lors de la construction de l'immeuble en 1997-1998, ne reconnaissant qu'"une part" de responsabilité dans le drame.

A ses côtés sur le banc des prévenus, le patron de l'entreprise de construction, Patrick Bonnel, 72 ans, avait quant à lui reconnu une faute "grave" et "inexcusable", se disant "honteux" du travail de ses équipes. Il a lui été condamné à trois ans de prison avec sursis et près de 25.000 euros d'amende.

Le chef de chantier Jean-Marcel Moreau, 63 ans, et le représentant du bureau de vérification Apave, André de Douvan, 84 ans, ont tous deux été condamnés à 18 mois de prison avec sursis et 1.000 euros d'amende, des peines conformes aux réquisitions.

"Les défaillances sont multiples, les responsabilités accumulées. A l'origine de ce dossier il y a la volonté de gagner du temps et de l'argent, quitte à faire fi de la sécurité. Il faut que tous les prévenus soient condamnés", a déclaré Me Marc Morin, conseil des parties civiles.

"Balcon fissuré et très instable: danger???"

Le soir du drame, ils étaient 18 étudiants, âgés d'une vingtaine d'années, à discuter sur un balcon de la résidence "Le Surcouf", dans le centre d'Angers, lorsque celui-ci avait soudain basculé dans le vide.

Dans les décombres, les pompiers avaient découvert les corps de Lou, 18 ans, Antoine, 21 ans, Benjamin, 23 ans, et Baptiste, 25 ans. Quatorze autres victimes avaient été hospitalisées.

Parmi les blessés, un ancien locataire de l'appartement avait écrit dans son état des lieux d'entrée, en février 2015: "balcon fissuré et très instable: danger???". Le balcon vibrait "lorsqu'on bougeait un peu trop dessus", avait-il expliqué lors de l'enquête.

Incrimination des constructeurs

Les enquêteurs avaient cependant écarté toute responsabilité des invités: les victimes, selon tous les témoignages, faisaient la fête calmement. Et le balcon aurait dû être en mesure de supporter 35 personnes.

Entendus lors du procès, les experts avaient listé toute une série de malfaçons dans la construction des balcons, allant jusqu'à évoquer une "forme de bricolage". Les travaux avaient de plus été menés sans respecter les plans de l'ingénieur béton, conçus pour des balcons préfabriqués et non pour des balcons coulés sur place.

S.R. avec AFP