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Attaque au Niger: comment les policiers français vont enquêter

La voiture calcinée où se trouvaient les six Français et les deux Nigériens tués par des hommes armés dans la zone de Kouré, dans le sud-ouest du Niger, le 9 août 2020

La voiture calcinée où se trouvaient les six Français et les deux Nigériens tués par des hommes armés dans la zone de Kouré, dans le sud-ouest du Niger, le 9 août 2020 - - © 2019 AFP

Des policiers français de la Direction générale de la sécurité intérieure et de la police judiciaire de la Sous-direction anti-terroriste sont attendus ce mardi au Niger.

Une enquête qui va se dérouler à près de 6000 kilomètres. Des policiers français sont attendus dans la journée de mardi au Niger pour venir en appui de l'enquête sur l'assassinat de six Français et de leurs deux accompagnateurs survenu dimanche non loin de la capitale, Niamey.

Pour l'heure, l'attaque perpétrée dans la région de Kouré n'a pas été revendiquée. Mais les enquêteurs étudient la piste terroriste dans cette région cernée par les jihadistes et notamment d'une attaque commise par l'Etat islamique au Grand Sahara (EIGS).

Au lendemain du drame, le parquet national antiterroriste a ouvert une enquête préliminaire pour "assassinats en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes". Des investigations complexes confiées à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et à la section de la police judiciaire chargée des affaires terroristes, la SDAT.

Mise à disposition

Dans le même temps, la justice française a soumis une demande d'entraide pénale internationale aux autorités nigériennes. C'est dans ce cadre qu'une dizaine d'enquêteurs de la DGSI, de la SDAT et de la police technique et scientifique vont se rendre dans la journée au Niger afin de "recueillir tous les éléments utiles et d'assister, le cas échéant, aux actes d'enquête des enquêteurs nigériens", indique à BFMTV.com une source proche de l'enquête. L'objectif est notamment de savoir si l'attaque était préméditée, et les six humanitaires visés, ou s'il s'agit d'une attaque d'opportunité.

Les enquêteurs n'ont pas vocation à prendre la main puisque les enquêteurs nigériens sont seuls compétents chez eux pour mener l'enquête, précise encore une source proche de l'enquête.

Les policiers français vont venir en appui de leurs collègues nigériens, leur proposer une aide et leur expertise. "Ils vont se mettre à disposition des enquêteurs locaux", explique un policier français. Sur place, ils pourront assister à des actes d'enquête, se faire communiquer des procès-verbaux d'auditions, voire assister à des interrogatoires, des dépositions de témoins, ou des constatations, toujours en accord avec les autorités nigériennes. Les experts français vont également pouvoir apporter leur expertise en réalisant, par exemple, des examens génétiques ou balistiques sur les dépouilles des victimes. Là encore les résultats devront prioritairement être communiqués aux autorités locales.

Tout va dépendre du niveau de coopération des autorités nigériennes, souffle une autre source proche du dossier.

Coopération internationale

Depuis plusieurs mois, et la montée du terrorisme dans la zone sahélo-saharienne notamment au Mali, la France et le Niger travaillent sur une meilleure coopération pénale. Une convention d'entraide judiciaire en matière pénale a été signée en 2018, pour une mise à jour de la coopération internationale. Un projet de loi sur l'approbation de la convention d'entraide judiciaire en matière pénale entre Paris et Niamey, adopté en première lecture par le Parlement, devait être examiné par la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Malgré des auditions réalisées, dont celle de l'ambassadeur du Niger en France, le rapport n'a pas été rédigé, faute à un calendrier bouleversé par l'épidémie de coronavirus.

Peut-être que le projet va être un dossier prioritaire de la rentrée, espère Jean-Michel Clément, député LaREM de la Vienne et rapporteur de la commission des Affaires étrangères.

Au lendemain de l'assassinat des six humanitaires français de l'ONG Acted, de leur chauffeur et de leur guide, les Forces armées nigériennes ont demandé l'appui d'une patrouille de deux Mirage 2000D pour participer à la traque des assaillants, dans le cadre d'opérations de ratissage de cette zone boisée. Cette patrouille aérienne a été remplacée depuis par un drone de l'armée française. Le ministère des Armées a également indiqué qu'une "équipe de prévôts et de techniciens identification criminelle", appartenant à la base militaire de l'opération Barkhane à Gao, au Mali, s'est déployée lundi "dans le cadre d’une mission d’assistance aux forces de police locales".

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV