Assises du Doubs: peine alourdie en appel pour un féminicide

La déesse de la Justice (illustration) - PHILIPPE HUGUEN / AFP
Dans un premier temps condamné à 25 ans de réclusion criminelle, Eric Desnoue, un chauffeur routier de 58 ans, a été condamné dans la nuit de mardi à mercredi par la cour d'assises d'appel de Besançon à 30 ans de réclusion, dont 20 ans de sûreté, pour avoir tué sa femme puis dissimulé son corps avant d'installer sa maîtresse chez lui. Il avait fait appel du premier verdict.
"Nous sommes dans une société où l'on n'admet pas qu'un mari inflige la mort à sa femme. On n'admet pas que le membre d'un couple dispose de l'autre selon son bon vouloir", a déclaré le procureur général, Christophe Barret, évoquant les "féminicides".
Jugé depuis lundi devant les assises du Doubs, Eric Desnoue a reconnu avoir tué sa deuxième femme, Françoise, 56 ans, dans la nuit du 27 au 28 août 2013, à leur domicile de Bourogne (Territoire-de-Belfort), soutenant qu'il s'agissait d'un accident, sans toutefois convaincre les jurés.
"Processus criminel nourri"
Le couple s'était disputé à propos de la maîtresse de l'accusé. "J'en avais marre de l'entendre crier, je lui ai mis un coup d'épaule pour qu'elle arrête. Elle est tombée dans l'escalier. Elle était allongée, elle saignait derrière la tête, j'ai eu peur, je suis remonté", a-t-il soutenu.
L'autopsie du corps, retrouvé dans un bois 10 mois après les faits, n'a pas permis d'établir les causes exactes du décès.
Mais l'enquête a révélé que l'accusé avait effacé des messages échangés avec son épouse avant le crime, lavé le sang dans plusieurs pièces de la maison avant de dissimuler dans une forêt le corps de sa femme, une ancienne vendeuse en boulangerie.
Pour les avocats de la famille de la victime, Mes Randall Schwerdorffer et Julien Robin, "la mort de Françoise repose sur un processus criminel nourri depuis de nombreux mois pour préparer l'arrivée d'une autre et piller l'argent" de la victime.
"C'est un homme en pleine duplicité entre des jeux amoureux", a plaidé de son côté le conseil de l'accusé, Me Patrick Uzan. "Mais Eric Desnoue n'a pas voulu tuer votre maman", a-t-il lancé aux enfants de la victime.
Réfutant toute volonté de commettre un homicide, l'avocat a plaidé des "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner".