Arche de Zoé : ouverture du procès en l’absence des deux principaux accusés

Eric Breteau, lors de son procès au Tchad fin 2007. - -
Le procès des 6 membres de l'Arche de Zoé s'ouvre ce lundi à Paris. Ils encourent jusqu'à dix ans de prison et 750.000 euros d'amende pour « escroquerie, exercice illégal de la profession d'intermédiaire en vue de l'adoption et aide au séjour irrégulier de mineurs étrangers ».
Ils avaient été arrêtés le 27 octobre 2007 dans l'est du Tchad alors qu'ils s'apprêtaient à emmener en France 103 enfants, présumés comme orphelins du Darfour. Ils avaient été condamnés, puis graciés par le président tchadien après leur transfèrement en France.
Les deux principaux protagonistes, Eric Breteau et sa compagne Emilie Lelouch, ont décidé de ne pas se présenter au procès. Ils ne se feront pas représenter non plus.
« Je ne me sens pas du tout responsable »
Ils seront donc seulement 4 sur 6 membres de l'Arche de Zoé à comparaître ce lundi après-midi devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir tenté de faire venir en France, en octobre 2007, 103 enfants. Il s'agit de quatre des six membres déjà jugés au Tchad : le médecin Philippe Van Winkelberg et le logisticien Alain Péligat, ainsi qu'une journaliste et un membre de l'association resté en France.
Alain Péligat plaide la bonne foi :« Je ne me sens pas du tout responsable. Le but c’était bien de ramener des enfants orphelins du Darfour, pas de ramener des Tchadiens. Pour moi ce n’était pas du tout illégal dans la mesure où je savais qu’à l’arrivée, il y avait un cabinet d’avocats qui attendait les enfants pour les déclarer. J’espère que l’on va me poser les bonnes questions. (…) J’espère que l’on aura affaire à une vraie justice qui sera aussi honnête que moi j’ai été honnête ».
« Il n'a écouté que son grand coeur »
Jean-Claude Guidicelli, l'avocat du docteur Philippe Van Winkelberg estime que la vie de son client a été gâchée : « Il est surtout victime dans cette affaire-là. Il était médecin, il a été à un moment donné sollicité dans sa vie, il a tout abandonné, il n’a écouté que son grand cœur pour faire partie d’un pool de médecins là-bas. On oublie tout de même trop facilement qu’Eric Breteau et des membres de l’Arche de Zoé ont agi de façon humanitaire, altruiste. En ce qui le concerne, il a eu des difficultés à reconstruire sa vie, ça a été un gâchis ».
« J’ai été complètement trompé »
Un autre bénévole s'est retourné contre l'Arche de Zoé et s'est porté partie civile dans le procès. Dominique Aubry, pompier volontaire, a été arrêté et emprisonné au Tchad. Mais la justice française ne l'a pas mis en examen et ne le poursuit pas aujourd'hui. Il estime avoir été trompé : « J’aimerais que les gens sachent que je n’y étais pour rien, qu’on nous a menti. J’ai été complètement trompé. Le jour où on a été arrêtés et que j’ai appris qu’il y avait un enfant qui était susceptible d’avoir des parents, mentir à ce point, c’est très dur à avaler. Je suis allé leur donner un coup de main pour des choses fausses. J’ai beaucoup de mal à l’accepter, je me bats depuis que j’ai été gracié. Ça veut dire qu’un président nous a supprimé la prison mais ça ne veut pas dire blanchi ».