BFMTV
Police-Justice

Arche de Zoé : les enregistrements d'Eric Breteau s'invitent au procès

Des membres de l'Arche de Zoé, au cours de la première journée du procès, lundi 3 décembre, à Paris.

Des membres de l'Arche de Zoé, au cours de la première journée du procès, lundi 3 décembre, à Paris. - -

Absent du procès, le principal prévenu, Eric Breteau, fondateur et président de l'Arche de Zoé, s'est retrouvé au cœur de la journée d'audiences de mercredi, à travers des enregistrements.

"On s'en fout de ce que pensent les gens, nous on agit!". Si le président de l'Arche de Zoé, Eric Breteau, est absent à son procès, sa voix a résonné mercredi, troisième jour du procès, via les enregistrements de réunions avec les familles d'accueil d'enfants censés être des orphelins du Darfour.

"Réseau d'accueil d'urgence"

Refusant de comparaître, le principal prévenu, qui vit en Afrique du Sud, est notamment poursuivi pour escroquerie et exercice illégal de l'activité d'intermédiaire à l'adoption d'enfants. En l'occurence des mineurs, présentés aux familles comme des orphelins du Darfour, mais qui étaient pour la plupart Tchadiens et avaient au moins un parent.

Début septembre 2007 à Paris ou Valence, un mois avant l'équipée, il répétait que l'exfiltration des 103 enfants n'était pas "une opération d'adoption", même si les familles pourraient s'engager par la suite dans cette voie.

Il s'agissait de mettre en place "un réseau d'accueil d'urgence", disait-il, affirmant que l'opération n'était en aucun cas "clandestine" et invoquant le droit international.

"Seuls les enfants qui ont un avenir seront choisis"

Il expliquait son choix d'avoir recruté les familles sur des forums sur Internet sur l'adoption afin de toucher des personnes qui ont fait "un choix mûrement réfléchi" car sans cette "motivation", les familles risquaient d'être découragées "face aux problèmes" à venir.

Il ajoutait que les enfants seraient sélectionnés en fonction de leur état de santé, que des tests de dépistage du sida seraient réalisés, afin que "les cas lourds ne soient pas évacués" : "Seuls les enfants qui ont un avenir seront choisis". "Aucun enfant n'a été écarté pour des raisons médicales", a assuré à la barre le médecin Van Winkelberg, prévenu dans ce procès.

"L'accueil des enfants doit être définitif", insistait Eric Breteau, expliquant qu'il n'était pas question de les renvoyer dans des orphelinats. S'il évoquait sa convocation par la police survenue un peu plus tôt, il jugeait que cette opération "dérange un certain nombre de gens".

"Familles d'accueil"

"Vous ne pouvez pas adopter les enfants dans un premier temps, il faudra malheureusement attendre un peu", renchérissait dans l'un des enregistrements, Me Céline Lorenzon, avocate d'Eric Breteau, chargée de superviser les aspects juridiques une fois les enfants en France.

"Vous n'êtes pas là pour adopter des enfants, juridiquement, vous serez des familles d'accueil", insistait-elle. Car il fallait que "devant les magistrats et les responsables administratifs (...) on puisse avoir tous le même discours". Poursuivie pour aide à l'entrée ou au séjour irrégulier de mineur, la journaliste Marie-Agnès Pelleran est la première des quatre prévenus présents à avoir été entendue par le tribunal.

Partie au Tchad pour faire un reportage sur l'opération et famille d'accueil, la jeune femme a assuré qu'Emilie Lelouch, la compagne d'Eric Breteau, absente, a "vraiment essayé d'être rigoureuse" pour sélectionner les enfants. Si elle a douté de la qualité d'orphelins des enfants, Marie-Agnès Pelleran n'a "jamais douté qu'ils soient Soudanais.

"Fiasco"

Eric Breteau et Emilie Lelouch "se sont sentis coupable de ne pas avoir sauvé suffisamment d'enfants à leur yeux", pense Marie-Agnès Pelleran. Mais pour autant, elle juge exagéré de dire qu'ils se sentaient "tenus à une obligation de résultat" à l'égard des familles.

"A aucun moment je ne me suis imaginé que ces enfants pouvaient avoir des parents", a dit le Dr Van Winkelberg fondant en larmes à la seule idée "d'arracher un enfant à ses parents". Il a ajouté en vouloir "furieusement" à Eric Breteau et à Emilie Lelouch, "elle aussi responsable de ce fiasco". Reprise du procès lundi.