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Police-Justice

Agression d'un jeune juif : « Ils se sont acharnés sur mon frère »

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Les gardes à vue des 2 agresseurs présumés de l'adolescent juif, roué de coups mercredi dans un train, sont prolongées. Le caractère antisémite de l’agression n’est pas confirmé, même s'il ne fait pas de doute pour la victime. Son frère dénonce « de la haine gratuite ».

Lior, 17 ans, élève à l’école juive Ozar Hatorah de Toulouse, théâtre de la fusillade de Mohammed Merah en mars dernier, a été roué de coups ce mercredi dans un train reliant Toulouse à Lyon. Il rejoignait sa famille qui habite Villeurbanne, en banlieue lyonnaise, pour passer les vacances d’été. Les gardes à vue des deux auteurs présumés de l’agression sont prolongées. Selon une source judiciaire, le caractère antisémite de l’agression n’est pas encore avéré. Mais selon la victime et ses proches, elle ne fait aucun doute.

« Même un animal, on ne le tape pas comme ça »

Tsyonn est le frère de la victime. Il est venu le chercher à la gare à Lyon, et l'a emmené immédiatement au commissariat pour porter plainte : « D’après ce que mon frère m’a dit, ils se sont acharnés sur sa tête et sa nuque. C’est de la haine gratuite. Je ne pense même pas que ses agresseurs le connaissaient personnellement. Ils l’ont tapé... Même un animal, on ne le tape pas comme ça », explique le jeune homme, choqué. « Mon frère est un citoyen comme tout le monde, que ce soit un juif ou n’importe qui. On est tous Français, je ne vois pas pourquoi on aurait cette haine comme ça, envers une personne. »

« Il a assisté à la tuerie de Merah »

Marcel Amsallem est le représentant du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) à Lyon. « C’est un double traumatisme pour la victime, car c’est un garçon scolarisé lors de la tuerie à Toulouse, à l’école Ozar Hatorah. Il a assisté aux assassinats, son meilleur ami a été grièvement blessé. Et puis il se retrouve dans un train, et se fait agresser à son tour. L’acte violent s’installe en France. Il y a une détestation, avec des appels à la haine du juif. Ce que j’espère, c’est que l’on puisse condamner ces deux agresseurs d’une manière lourde, parce que ça servira d’exemple. »

« Pas de focus particulier sur l’extrême-droite »

« Depuis l’affaire Mohamed Merah, nous pensions que cet évènement tragique aurait participé à une prise de conscience de la gravité de la situation concernant l’antisémitisme en France, mais il n’en est rien, déplore Patrick Kahn, porte-parole de la ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) en Rhône-Alpes. Au contraire : selon la Licra, depuis l'affaire Merah, les actes antisémites ont augmenté de 53%. Mais tout le territoire n'est pas concerné de manière égale : « La région Rhône-Alpes, avec l’Ile-de-France, est l’une des régions qui posent le plus de problèmes. Le dernier évènement de Villeurbanne [en juin dernier] le démontre encore une fois », explique Patrick Kahn. Mais pour lui, « on ne peut pas faire de focus particulier sur l’extrême-droite. Il va falloir qu’on regarde ensemble les raisons qui amènent aujourd’hui des jeunes notamment issus de l’immigration à agresser, tuer des juifs en France. »

La Rédaction, avec Amélie Rosique