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Police-Justice

Affaire PPDA: 3 femmes accusent l'ex-présentateur de violences sexuelles dans de nouveaux témoignages

Patrick Poivre d'Arvor lors des obsèques d'Etienne Mougeotte, à Paris le 13 octobre 2021

Patrick Poivre d'Arvor lors des obsèques d'Etienne Mougeotte, à Paris le 13 octobre 2021 - Alain JOCARD © 2019 AFP

L'une des trois femmes a déjà porté plainte pour agression sexuelle, une autre pour viol, bien que les faits soient prescrits.

Trois nouveaux témoignages. Après la parution dans Libération de huit témoignages contre l'ancien présentateur de TF1 Patrick Poivre-d'Arvor, le quotidien publie ce mardi soir trois nouveaux témoignages de femmes accusant le journaliste de faits d'agression sexuelle ou même de viol.

Sur ces trois femmes, deux ont porté plainte, comme l'avait confirmé BFMTV la semaine dernière. La dernière n'a pour l'instant pas souhaité faire cette démarche.

PPDA qualifié de "prédateur"

Au quotidien, la romancière Amandine Cornette de Saint Cyr - qui n'a pas porté plainte - explique avoir rencontré PPDA une première fois en mai 2007 lors de son émission littéraire Vol de Nuit, pour la parution d'un de ses livres. Elle évoque à ce moment-là des "questions intrusives posées à la suite de l’émission". La romancière dit avoir recroisé ensuite le présentateur au festival de Cannes 2009. Il lui pose de nouveau des questions sur sa vie privée, puis lui propose de lui fournir une accréditation pour monter les marches, ce qu'elle accepte.

Amandine Cornette de Saint Cyr doit rejoindre le journaliste à son hôtel avant le départ, et prétextant des retards, il lui propose de monter dans sa chambre. "Je me suis sentie acculée et prise de court", raconte-t-elle à Libération. Elle monte le rejoindre, et lui l'aurait reçue nu dans un peignoir. Un rapport sexuel suit, selon son témoignage.

Elle n'emploie pas le mot "viol", mais qualifie tout de même la relation sexuelle "d'inattendue" et de "non souhaitée". Pour rappel, l'article 222-23 code pénal décrit le viol comme toute pénétration sexuelle commise "par violence, contrainte, menace ou surprise".

"J’ai été abusée. Il n’avait jamais été question que je monte dans cette chambre. Ce n’était pas le lieu de notre rendez-vous. J’ai été prise au dépourvu", déclare-t-elle, racontant que l'homme l'a ensuite ignorée toute la soirée. "J’avais honte. J’étais une jeune femme de 33 ans, célibataire, séparée depuis peu. C’était trop pour moi. Cette relation aurait dû être valorisante et amusante et j’ai été rabaissée et humiliée".

Elle dit avoir revu Patrick Poivre d'Arvor en 2009 en Corse, sur l'invitation de ce dernier, et la même année à son domicile de Neuilly. D'après ses explications, il s'agissait pour elle d'arranger la situation entre eux, "d'oublier la calamiteuse rencontre à Cannes". Mais elle le qualifie aujourd'hui de "mufle qui abuse de sa position" et de "prédateur".

Une plainte pour viol, une autre pour agression sexuelle

Laure Eude accuse elle PPDA de l'avoir violée dans une chambre pendant le festival de Cannes en 1985 alors qu'elle avait 23 ans. Elle travaillait alors en stage au bureau de presse du festival de Cannes, et raconte au quotidien avoir échangé avec le présentateur avant qu'un verre soit convenu pour parler d'un futur stage à la télévision, chose qu'ils avaient évoquée ensemble précédemment. Rendez-vous aurait été pris au bar de l'hôtel du Martinez, mais en arrivant, il lui aurait expliqué devoir faire un détour par sa chambre.

Là, il ferme la pièce à double-tour, et "sort son sexe", selon le témoignage. Elle explique ne pas être là pour cela, mais pour parler d'un stage. Il y a quand même un rapport sexuel, non consenti selon Laure Eude, qui déclare que pendant l'acte, "mon corps est là, et je suis ailleurs". Elle en parlera à une amie, et à la responsable du bureau de presse du festival, qui ne réagira pas. Elle en parlera également à ses parents, mais ne portera pas plainte, découragée car on lui dit alors que le présentateur est "très protégé".

"Il pourrait être mon père"

La troisième femme interrogée par Libération a voulu reste anonyme, et a porté plainte pour agression sexuelle. Elle accuse PPDA de l'avoir embrassée de force dans un Club Med à Valmorel, en Savoie, en 2013, quand elle avait 23 ans. Le présentateur lui aurait demandé si elle avait de l'attirance pour lui, ce à quoi elle explique avoir répondu "qu’il pourrait être mon père".

Alors qu'ils montent tous les deux dans l'ascenseur, il l'aurait embrassée par "surprise", avant qu'elle ne le repousse et prétexte devoir rejoindre des amis.

Contactée par Libération et par l'AFP sur ces différents faits, l'avocate du présentateur Jacqueline Laffont n'a pas répondu aux sollicitations. Concernant les autres accusations d'agressions sexuelles dont il fait l'objet, Patrick Poivre d'Arvor a reconnu certaines des relations sexuelles, déclarant toutefois qu'elles étaient consenties. Il reste présumé innocent.

Ces deux dernières plaintes dénoncent des faits prescrits. Ces femmes "déposent plainte par solidarité avec les autres" ayant témoigné contre l'ex-présentateur "pour ne pas laisser dire que ce sont 'des menteuses'", a expliqué leur avocate Laure Heinich à l'AFP, précisant que les deux nouvelles accusatrices ne se connaissaient pas. À l'époque, elles n'avaient pas porté plainte "en raison de la stature de l'agresseur qu'elles imaginaient protégé", poursuit-elle.

Pour rappel, Patrick Poivre d'Arvor a été accusé en février de viol par l'écrivaine Florence Porcel, qui avait porté plainte. Elle l'accuse de lui avoir imposé un rapport sexuel en 2004 et une fellation en 2009. Depuis, plus d'une vingtaine de femmes ont témoigné contre l'ex-présentateur, qui conteste toutes les accusations.

Après la plainte de Florence Porcel en février, une enquête préliminaire de quatre mois a été menée par le parquet de Nanterre, au cours de laquelle vingt-trois femmes ont témoigné, dont neuf ont choisi de porter plainte pour viol, agressions sexuelles ou harcèlement sexuel. Fin juin, cette enquête préliminaire a été classée sans suite par le parquet, la majorité des faits reprochés étant prescrits.

Mais en novembre, Florence Porcel s'est constituée partie civile afin de provoquer la saisine d'un juge pour enquêter de nouveau sur les faits dont elle accuse Patrick Poivre d'Arvor. Ceux-ci, non prescrits, avaient été classés sans suite pour "insuffisance de preuves". Cette procédure entraîne quasi-systématiquement l'ouverture d'une nouvelle enquête confiée à un juge d'instruction, sous réserve du paiement d'une consignation.

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV