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Police-Justice

Affaire Merah : Y’a-t-il eu une faille dans le renseignement ?

Une cellule de crise de la police à Toulouse.

Une cellule de crise de la police à Toulouse. - -

Mohamed Merah, qui a revendiqué les tueries de Montauban et de Toulouse, était connu de la police pour son militantisme et ses voyages dans la zone pakistano-afghane. Mais les services du renseignement ont « estimé qu’il n’avait pas le profil d’un terroriste », explique sur RMC un ancien sous-directeur de la DST.

Alors que Mohamed Merah, le principal suspect des tueries de Toulouse et Montauban, est toujours retranché dans son appartement toulousain, le renseignement français est mis en cause. Ce jeudi matin, Marine Le Pen a affirmé qu' « on devrait tout savoir sur cet homme déjà. Très honnêtement, il faudra qu'on ait aussi ce débat pour savoir si les services de renseignement ont mis toutes les précautions de leur côté ».

Pas d'erreur du renseignement

De son côté, le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé dit ce jeudi « comprendre » ces interrogations, mais il affirme qu’ « aucun élément ne laisse à penser qu'il y a eu des failles des services de renseignement sur les Français évoluant au sein de cellules djihadistes et ayant séjourné en Afghanistan ». Hier soir mercredi, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant a confirmé sur TF1 que Merah « était suivi depuis plusieurs années par la DCRI et ses agents toulousains, mais jamais aucun élément de nature à (faire) penser qu'il préparait une action criminelle n'était apparu ».

« Il avait une vie normale »

Louis Caprioli, ancien sous-directeur chargé de la lutte contre le terrorisme à la DST (Direction de la surveillance du territoire), détaille la surveillance dont Merah a fait l’objet: « Dans un premier temps à son retour d’Afghanistan il a été branché 24h sur 24h pendant plusieurs mois. Il a fait l’objet d’une surveillance assez longue, puis plus espacée parce qu’on a estimé que cette personne n’avait pas un profil de terroriste et qu’il n’allait pas passer à l’action. Cet homme avait une vie tout à fait normale : il allait travailler, il n’est pas allé dans les lieux de prière, il n’avait pas un comportement radical et ne consultait pas les sites djihadistes. Il avait un comportement normal. » 

« Pour neutraliser quelqu'un, il faut suffisamment de preuves »

Si l'individu avait un comportement normal, difficile de trouver des preuves pour poursuivre une surveillance, comme l'explique l'ancien juge anti-terroriste Jean-Louis Burguière : « Vous ne faites pas une surveillance physique de l’ensemble des gens potentiellement dangereux. On ne peut pas arrêter des gens uniquement par prévention parce qu’on considère qu’ils sont dangereux et qu’on n’a pas suffisamment d’éléments. On est quand même dans un Etat de droit, et pour neutraliser quelqu’un, il faut qu’il y ait suffisamment de preuves. Il faut placer le curseur au bon endroit : au niveau de la sécurité, mais aussi au niveau de la protection des libertés civiles pour qu’on ait une légitimité dans l’action. »