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Police-Justice

Affaire Jubillar: la version des gendarmes contredit celle du procureur sur la couette au coeur de l'enquête

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Plus d'un an après la disparition de Delphine Jubillar, des incohérences dans le récit effectué par le procureur de la République de Toulouse sont pointées du doigt par les avocats de la défense.

Une couette au centre de toutes les attentions. Le 18 juin dernier, le procureur de la République de Toulouse expliquait en conférence de presse que les gendarmes étaient arrivés au domicile des Jubillar le 16 décembre, soir de la disparition, dans un contexte surprenant.

"Quand ils arrivent sur place à 4h50 les gendarmes trouvent Cédric Jubillar occupé à déclencher une machine à laver dans laquelle se trouve la couette du lit sur lequel elle dormait, ça se passe dans un contexte incongru et ça se situe dans une habitation ou l'etat d'entretien est negligé. On ne voit pas l'intérêt", a-t-il expliqué.

Cependant, selon nos informations, confirmant une information de La Dépêche du Midi, il s'avère que sa version des faits n'était pas la bonne. Ainsi, une gendarme interrogée a expliqué: "pour moi oui, il mettait du linge dans la machine à laver. Mais je n'ai pas vu ce qu'il mettait dans la machine". Elle assure par ailleurs que l'appareil ne tournait pas. De plus, des photos prises le 16 décembre montrent que la couette était bien dans le salon, et non dans la machine.

Plusieurs incohérences

Elle a en réalité été lavée entre le 16 et le 17 décembre. Ce que Cédric Jubillar n'a jamais nié, expliquant que les chiens avaient uriné dessus. S'apercevant qu'elle avait été lavée, alors que la maison était très sale, les gendarmes ont saisi la couette pour effectuer des analyses après leur deuxième visite, le 17 décembre. Cependant, les résultats ne sont pas encore revenus, et les avocats de la défense estiment qu'elle a pu être perdue.

Autre incohérence pointée du doigt: le podomètre du téléphone de Cédric Jubillar. Selon le procureur de la République de Toulouse, il indiquait que le mari n'avait fait que 40 pas pour rechercher sa femme disparue, ce qui lui semblait suspect. Or, la Dépêche du Midi avait révélé en décembre que 255 pas ont été effectués entre 4h du matin (lorsqu'il appelle les gendarmes) et 5h du matin (lorsque les gendarmes arrivent sur place). Un chiffre qui équivaut à 200 mètres environ.

"Cela fait 6 mois que l'on a relevé ces incohérences entre la conférence de presse du procureur de la République de Toulouse et ce qu'on l'on a pu constater à la lecture du dossier", regrette l'avocat de Cédric Jubillar, Me Jean-Baptiste Alary, sur BFMTV.

"Il me semble parfaitement choquant qu'un représentant de la société (...) viennent exposer publiquement des éléments dont il sait parfaitement qu'ils sont erronés", a-t-il déclaré. En utilisant cette partie du dossier, les avocats de la défense vont de nouveau demander la remise en liberté de Cédric Jubillar le 11 janvier prochain.

"Il va falloir à un moment donné que la justice se rende compte qu'il n'y a pas d'éléments contre Cédric Jubillar et que la présomption d'innocence doit être consacrée", a expliqué sur BFMTV Me Alexandre Martin, un autre avocat de Cédric Jubillar. Celui-ci a par ailleurs déclaré que la défense a "envisagé sérieusement" de se retourner contre le procureur.

Par Mélanie Vecchio avec Anthony Audureau