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Police-Justice

Affaire Bettencourt: Nicolas Sarkozy contre-attaque

Nicolas Sarkozy a été mis en examen pour abus de faiblesse dans l'affaire Bettencourt à l'issue d'une confrontation avec plusieurs membres du personnel de l'héritière de l'Oréal

Nicolas Sarkozy a été mis en examen pour abus de faiblesse dans l'affaire Bettencourt à l'issue d'une confrontation avec plusieurs membres du personnel de l'héritière de l'Oréal - -

L'avocat de l'ancien chef de l'Etat, maître Thierry Herzog dénonce ce dimanche "le manque d'impartialité" du juge Gentil et le caractère "grotesque" des accusations portées contre son client.

La riposte n'a pas tardé. L'avocat de Nicolas Sarkozy a lancé une nouvelle attaque dimanche contre le juge qui l'a mis en examen dans l'affaire Bettencourt, Jean-Michel Gentil, suggérant qu'il pourrait manquer d'"impartialité" pour avoir signé une tribune sur les insuffisances de la lutte contre la corruption sous son mandat.

Trois jours après la mise en examen de l'ex-chef de l'Etat pour "abus de faiblesse" à l'encontre de Liliane Bettencourt, l'héritière de l'Oréal, l'avocat de Nicolas Sarkozy, ne mâche pas ses mots, dans un entretien publié dimanche par le JDD, sans craindre d'être à son tour accusé d'outrage à magistrat.

Une "tribune politique"

"On peut se poser au minimum la question de l'impartialité de ce magistrat", déclare Me Thierry Herzog, avant d'évoquer un texte qu'il n'avait jusque-là pas mentionné, une "tribune politique", "signée le juge Gentil contre Nicolas Sarkozy".

Dans ce texte co-signé par 81 autres magistrats, le juge met en cause selon l'avocat "la politique de Nicolas Sarkozy et celle de son prédécesseur, les accusant de 'vouloir protéger les corrompus'".

"Cinq jours après la signature de cette tribune, le même juge a opéré quatre perquisitions au domicile de Nicolas Sarkozy, dans son bureau, ainsi qu'au domicile de sa secrétaire", martèle l'avocat.

Le texte évoqué a été publié le 27 juin 2012 par le quotidien Le Monde sous le titre "Agir contre la corruption, l'appel des juges contre la délinquance financière".

"Non, ce n'est pas terminé"

Thierry Herzog revient aussi sur l'incident ayant marqué la fin de l'audition de l'ex-chef de l'Etat par le juge Gentil et les deux autres magistrates saisies, Cécile Ramonatxo et Valérie Noël.

Après neuf heures de confrontation le juge a "signifié à Nicolas Sarkozy qu'il était témoin assisté pour les faits d'abus de faiblesse de 2008 et de recel de janvier et février 2007, mais mis en examen pour abus de faiblesse pour des faits 'commis en février 2007'", explique Me Herzog.

"Nicolas Sarkozy lui a répondu que c'était une 'grande injustice'. Le juge Gentil lui a rétorqué violemment que son propos était injurieux. Nicolas Sarkozy a répondu 'non, c'est une injustice et j'ai la liberté de dire et de penser ce que je veux'. Le juge a ajouté: 'C'est une injure et maintenant, c'est terminé'. Nicolas Sarkozy a dit 'non, ce n'est pas terminé', signifiant ainsi que comme tout un chacun il userait des voies de recours", déclare l'avocat.

Le juge Gentil va porter plainte

Au lendemain de cette audition tendue, le juge a fait l'objet d'un tir de barrage de certains proches de l'ancien chef de l'Etat, comme le député UMP Henri Guaino qui a estimé qu'il avait "déshonoré la justice".

Samedi, son avocat Me Rémi Barousse est monté au créneau: "Jean-Michel Gentil en a marre d'être injurié alors qu'il essaie de faire son travail le plus honnêtement possible", a-t-il dit, annonçant le dépôt d'une plainte "dans quelques jours", contre l'élu.

Dans son entretien au JDD, Me Thierry Herzog revient aussi sur le fond du dossier, insistant encore sur le caractère "injuste", "injurieux", "grotesque" des poursuites contre Nicolas Sarkozy, soupçonné d'avoir profité de la "faiblesse" psychologique de la milliardaire alors âgée de 84 ans pour obtenir un financement de sa campagne en 2007.

Selon l'avocat "pas un témoin, pas un indice" ne permettent d'affirmer que "Lilianne Bettencourt a remis un centime à Nicolas Sarkozy". Confirmant qu'il demandera l'annulation de la mise en examen, il indique qu'il "étudie d'autres actions".

Lorsqu'un juge est considéré partial, il peut notamment faire l'objet d'une demande de dessaisissement, une procédure appelée "requête en suspicion légitime".

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S. A. avec AFP