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Pourquoi la série "Adolescence" rencontre-t-elle un tel écho?

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La série britannique sur le meurtre d'une fillette de 13 ans par un de ses camarades de classe angoisse autant qu'elle passionne dans le monde entier.

Au petit matin, Jamie, 13 ans, est arrêté dans la maison familiale, accusé d'avoir poignardé à mort une collégienne. La mini-série britannique Adolescence fait un carton dans le monde entier. Adolescence est numéro 1 au niveau mondial sur Netflix, avec plus de 24 millions de vues en une semaine de diffusion.

La critique est dithyrambique et le public accro à ces quatre épisodes filmés chacun sous forme d'un unique plan-séquence. Sur le canapé familial, à la machine à café, au parlement britannique, c'est la série qui fait parler. Le Premier ministre britannique Keir Starmer a dit aux députés la regarder avec ses enfants adolescents.

Une question guide les quatre épisodes - tournés en plans-séquences, ce qui accentue le sentiment d'immersion: comment Jamie, avec son visage d'ange de jeune adolescent et sa famille aimante, se retrouve-t-il au centre de cette enquête criminelle?

Des acteurs époustouflants

Si les thèmes font particulièrement écho aux angoisses de l'époque, la mise en scène, très immersive, et le jeu des acteurs époustouflant ne sont pas étrangers au succès de cette série.

Stephen Graham est parfait dans le rôle du père désemparé face à l'impensable. Et surtout le jeune Owen Cooper, parfaitement glaçant dans la peau de Jamie, accusé du meurtre de sa camarade. Le jeune garçon au visage angélique révèle dans une scène terrible, sa face monstrueuse et sa misogynie. Une scène d'"une intensité presque insoutenable", comme le décrit Variety. Entre les pleurs et les airs de petit garçon perdu dans le premier épisode et la rage exprimée dans le troisième épisode, la différence est saisissante.

La série résonne avec l'actualité

La série résonne avec l'actualité britannique: les attaques au couteau qui font régulièrement la une, l'influence des masculinistes comme Andrew Tate et des discours misogynes sur certains jeunes, l'impossibilité de contrôler la vie en ligne des adolescents. Plusieurs faits-divers ont ainsi traumatisé le pays ces dernières années, mettant en cause des adolescents parfois très jeunes.

Isabelle, mère de deux filles de 16 et 18 ans, a été "choquée", consciente que l'histoire "pourrait tout à fait être vraie".

Il y est question du langage employé par des jeunes sur les réseaux, concernant notamment l'idéologie "incel" (abréviation anglophone pour "célibataires involontaires", désignant des hommes qui ont peu de succès auprès des femmes et se mettent à nourrir une haine à leur égard).

"Toute cette culture nous échappe, les adultes en sont exclus. Et c'est effrayant", explique Isabelle, qui a voulu rester anonyme.

Les auteurs et acteurs de la série font le tour des plateaux. "Nous n'avions pas pensé une seule seconde que (la série) aurait un tel impact", a dit sur la BBC Stephen Graham, le créateur d'Adolescence, qui joue le père de Jamie.

L'idée lui est venue après deux meurtres d'adolescentes, commis en l'espace de quelques semaines par de jeunes hommes.

"La bonne série au bon moment"

"C'est la bonne série qui arrive au bon moment", salue également Andy Burrows, directeur de la fondation Molly Rose, créée après le suicide de Molly Russell, 14 ans, en 2017. La justice britannique avait reconnu le rôle joué dans ce drame par des contenus vus en ligne par l'adolescente.

"La série rend un service extraordinaire en facilitant un débat national sur l'impact de la misogynie extrême, sur la manière dont des contenus en ligne influencent des adolescents", estime-t-il. La fondation appelle depuis des années à renforcer la législation et réguler les algorithmes.

M. R. avec AFP