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"Grey's Anatomy": un documentaire sur les mensonges d'une scénariste qui s'est inventé un cancer

Le casting de "Grey's Annatomy"

Le casting de "Grey's Annatomy" - Capture d'écran

Anatomy of Lies, diffusé sur la plateforme américaine Peacock, retrace le parcours d'une scénariste qui s'est inspirée d'un cancer qu'elle n'avait pas pour écrire des épisodes.

Si les intrigues rocambolesques de Grey's Anatomy passionnent les téléspectateurs depuis 20 ans, certains de ses rebondissements les plus surprenants se sont déroulés en coulisses. En témoigne Anatomy of Lies, une série documentaire dévoilée mardi 15 octobre sur la plateforme américaine Peacock, qui raconte comment une scénariste du programme a fait croire à tous ses collègues qu'elle avait survécu à un cancer, utilisant même ce mensonge comme inspiration pour l'écriture des épisodes.

L'affaire avait éclaté en mai 2022, quand l'édition américaine de Vanity Fair a mis au jour les mensonges d'Elisabeth Finch. Comme le résume Variety, elle travaillait à l'écriture des séries True Blood et The Vampire Diaries au début des années 2010 lorsqu'elle a commencé à publier des articles sur son chondrosarcome, le rare cancer des os qu'elle prétendait avoir.

Ces articles sur son combat contre la maladie attirent l'oeil de Shonda Rhimes, créatrice de Grey's Anatomy, qui lui trouve une place parmi les scénaristes de la série en 2014.

Mensonges tentaculaires

Au travers de témoignages d'anciens collègues, Anatomy of Lies retrace le parcours d'Elisabeth Finch: comment cette maladie fictive a inspiré celle du personnage de Catherine Avery, joué par Debbie Allen, ses fausses sessions de chimiothérapie, son crâne qu'elle rasait pour faire illusion... mais aussi d'autres histoires.

Ainsi, quand une attaque à l'arme à feu fait 11 morts dans la synagogue Tree of Life de Pittsburgh en 2018, elle assure qu'un ami à elle compte parmi les victimes et qu'elle a aidé à récupérer sa dépouille. Elle déclare également avoir été abusée par son frère étant enfant. Ce même frère, selon elle, se serait retrouvé en état de mort cérébrale après une tentative de suicide, et elle aurait pris la décision de le débrancher. Elle raconte par ailleurs avoir subi des violences sexuelles ainsi qu'un avortement pendant son traitement contre le cancer.

Variety rapporte également comment, quand son ancienne collègue Kiley Donovan lui révèle être l'enfant d'un viol, Elisabeth Finch s'inspire de ce traumatisme pour un arc narratif du personnage de Jo Wilson. C'est le prénom qu'elle utilise lorsqu'elle intègre une clinique psychiatrique, en mai 2019, pour soigner un prétendu syndrome de stress post-traumatique.

L'affaire révélée

Elle y rencontre Jennifer Beyer, mère de famille célibataire, qui cherche à se remettre des abus physiques et psychologiques de son ex-mari. Les deux femmes se rapprochent et se marient en 2020. C'est par Jennifer Beyer, l'une des principales intervenantes d'Anatomy of Lies, que la vérité sera mise au jour.

Remarquant des incohérences dans ses récits, Jennifer Beyer la confronte. Elisabeth Finch finit par admettre ses mensonges: le cancer, le fait qu'elle ne s'est pas rendue à Pittsburgh pour récupérer de corps...

"J'ai commencé à me rendre compte de ce qui s'était passé", confie-t-elle à USA Today. "J'avais rencontré une femme dans un hôpital psychiatrique. Je l'avais invitée dans ma maison et dans la vie de mes enfants. Elle m'avait menti et je ne m'étais rendu compte de rien."

Jennifer Beyer décide alors de révéler la vérité aux équipes de Grey's Anatomy. Elle lance l'alerte en écrivant un e-mail à Shonda Rhimes, l'informant des mensonges d'Elisabeth Finch. Mise à pied, cette dernière démissionne en 2022.

Des excuses de l'intéressée

Anatomy of Lies a été réalisé par Evgenia Peretz, la journaliste qui a enquêté sur l'affaire pour Vanity Fair, et son époux David Schisgall, scénariste et producteur. Le jour de la sortie du documentaire, Elisabeth Finch a publié un long message d'excuses sur Instagram.

"J'ai menti à tellement de sujets", a-t-elle écrit. "Des choses qui sont réellement arrivées à des gens, et qui les ont dévastés. 'Je suis désolée' semblent être les mots les plus faibles au regard de ce que j'ai fait, mais ils sont les plus sincères."

https://twitter.com/b_pierret Benjamin Pierret Journaliste culture et people BFMTV