P.Diddy: combien risque le rappeur reconnu coupable de transport de personnes à des fins de prostitution?

Sean "Diddy" Combs aux Billboard Music Awards 2022, le 15 mai 2022 à Las Vegas, Nevada, États-Unis. - parAGENCE DE PRESSE IMAGE / NurPhoto / NurPhoto via AFP
Après un intense procès de sept semaines à New York, marqué par d'éprouvants témoignages, la sentence du rappeur américain P. Diddy est attendue ce vendredi 3 octobre. Le magnat du hip-hop, Sean Combs de son vrai nom, a été reconnu coupable en juillet dernier de "transport de personnes à des fins de prostitution".
Il a en revanche été acquitté des faits les plus graves du procès: ceux de "trafic sexuel" sur deux de ses anciennes compagnes, et celui "d'association de malfaiteurs". Cette relaxe, qualifiée de "grande victoire" par ses avocats, lui évite la prison à vie, mais ne l'absout pas de toute incarcération.
20 ans de prison au maximum
Les deux chefs d'accusation relatifs au "transport de personnes à des fins de prostitution", pour lesquels il a été reconnu coupable, sont chacun passibles de dix ans de prison. Les peines étant cumulables, le juge qui décide de la sentence peut donc en théorie condamner le rappeur à 20 ans de prison maximum.
Les procureurs ont écrit dans des documents versés à la procédure que, sur la base des directives de la justice fédérale, une peine de 51 à 63 mois d'emprisonnement serait appropriée pour les faits de "transport de personnes à des fins de prostitution". Soit entre quatre et cinq ans de prison. Ce qui n'empêche pas une pleine plus longue. La procureure Maurene Comey qui espérait une condamnation pour tous les chefs d'accusation a appelé après le verdict en juillet à une "longue" sentence à l'encontre du producteur américain.
Ses avocats souhaitent quant à eux une peine légère de 14 mois de prison, suivie d’une liberté conditionnelle, accompagnée d’obligations de soins. Si Puff Daddy était réellement condamné à 14 mois de prison, il retrouverait rapidement sa liberté.
La star du rap est incarcérée depuis septembre 2024 au centre de détention métropolitain de Brooklyn et tout le temps qu'il a déjà passé derrière les barreaux sera pris en compte dans le calcul de sa peine finale.
Ses avocats ont déclaré le 23 septembre dernier que leur client avait déjà été "correctement puni", ayant été incarcéré dans des "conditions épouvantables".
Après le verdict du procès en juillet, ses avocats avaient demandé sa libération sous caution en attendant le prononcé de la peine ce vendredi 3 octobre. Une requête rejetée par le juge Arun Subramanian invoquant un historique de "violence" et de "mépris de la loi" de la part de l'artiste.
Une grâce présidentielle de Donald Trump?
L'autre issue possible de cette affaire hypermédiatisée? Une grâce présidentielle de Donald Trump. L'avocate de P.Diddy, Nicole Westmoreland, assurait sur CNN en août dernier que "des conversations au sujet d'une grâce" avaient eu lieu. Le président américain ne semble toutefois pas très enclin à accorder une telle faveur à l'artiste aux trois Grammy Awards et à la quinzaine de disques de platine.
"Quand je me suis présenté aux élections, il était très hostile", a déclaré Donald Trump dans un entretien accordé à Newsmax le 2 août dernier. Le rappeur avait soutenu Joe Biden dans la course à la Maison Blanche en 2020. Plus tôt, en 2017, il avait indiqué "se foutre complètement de Donald Trump" au cours d'un entretien accordé au Daily Beast. Ajoutant "les Noirs sont dans la même situation merdique. Les pitreries qui ont lieu à Washington ne sont pas ce qui nous préoccupe".
L'affaire P.Diddy a pris ses racines dans la plainte civile déposée en 2023 par l'ex-petite amie du rappeur et chanteuse de RnB, Cassandra Ventura. En couple avec Sean Combs de 2007 à 2018, Cassie, de son nom d'artiste, l'accusait notamment de viol et de soumission à des hommes prostitués. Puis très vite, de nouvelles plaintes ont suivi, émanant d'autres jeunes femmes, qui l'ont accusé, elles aussi, d'agressions et de violences sexuelles. Au total, 120 victimes ont été recensées.
À son procès à New York, le rappeur était accusé d'avoir forcé des femmes - dont la chanteuse Cassie, et une ancienne compagne plus récente ayant témoigné sous le pseudonyme de "Jane" - à se livrer à des marathons sexuels avec des hommes prostitués pendant qu'il se masturbait ou filmait. Et aussi d'avoir mis en place un réseau criminel, dont il était à la tête, pour organiser ces marathons nommés "freak-offs".