Rima Abdul Malak se dit "très préoccupée" par les attaques "homophobes et transphobes" contre Bilal Hassani

La ministre de la Culture, Rima Abdul Malak et le chanteur Bilal Hassani. - Ludovic Marin / Joel Saget - AFP
Interrogée ce jeudi sur France Inter à propos de l'annulation du concert de Bilal Hassani dans une ancienne basilique à la suite de menaces de catholiques radicaux, la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak s'est dite "très préoccupée" par "les attaques" que subit le chanteur.
L'ex-candidat pour la France à l'Eurovision devait se produire mercredi soir dans l'ancienne basilique Saint-Pierre-aux-Nonnains dans le centre de Metz, aujourd'hui devenue salle de spectacles.
Mais face à la polémique qu'a provoqué l'annonce de ce concert au sein des mouvances catholiques et traditionalistes locales, la production avait pris la décision d'annuler le show.
"Ces attaques contre Bilal Hassani, ce sont ni plus ni moins des attaques homophobes, des attaques transphobes. C'est la haine de tout ce qui se rapproche de l'univers queer. Cela fait déjà plusieurs années qu'il subit un harcèlement sur les réseaux sociaux", a assuré Rima Abdul Malak au micro de France Inter.
"Cette basilique n'est plus une église"
Lors de l'annonce de la venue de Bilal Hassani à Metz, le collectif Lorraine Catholique, opposé à ce concert, avait hurlé à la "profanation", en pleine Semaine sainte, dans un message sur son blog largement relayé.
Estimant que les prestations du chanteur "ne sont rien d'autre que pornographiques", le collectif, soutenu par Civitas, appelait "les chrétiens fidèles" à une prière collective de réparation devant le concert.
"Cette basilique n'est plus une église, elle est désacralisée depuis plus de 500 ans. Déjà en 1556, elle était devenue un entrepôt militaire jusqu'au XXᵉ siècle et elle est devenue un espace culturel qui accueille des concerts. Donc déjà, on ne parle pas d'une église au sens cultuel du terme" précise Rima Abdul Malak.
Et d'ajouter: "Il faut continuer sans relâche à défendre dans notre pays la liberté de création, la liberté d'expression contre tous les intégrismes, contre tous les extrémismes."
"Ça fait beaucoup à porter sur mes épaules"
Invité dans l'émission C à Vous sur France 5 quelques heures après l'annulation de son concert, Bilal Hassani s'est dit "un petit peu fatigué" d'être la cible d'attaques et de menaces depuis toutes ces années.
"Ça fait quatre ans que je suis exposé, je reste un être humain, j'ai 23 ans, j'ai commencé quand j'en avais 19, ça fait beaucoup à porter sur mes épaules", a-t-il confié pendant l'émission.
Le maire de Metz, François Grosdidier (ex-LR) s'est désolé que le producteur de Bilal Hassani "cède à une forme de terrorisme intellectuel, au détriment de la culture". "C'est inadmissible qu'au nom d'une idéologie on annule un concert. C'est un recul de la liberté d'expression et une concession faite à des extrémistes homophobes", a-t-il ajouté auprès de l'AFP.
Bilal Hassani a quant à lui expliqué avoir pris la décision d'annuler son show pour protéger son public qui aurait pu être ciblé par les personnes opposées à son concert. "C'est ce qui me terrifie le plus. Là ça commençait à être inquiétant, surtout pour mon public.", a-t-il précisé sur le plateau de C à Vous avant d'interpréter une reprise symbolique du titre Laissez-moi danser de Dalida.
Malgré l'annulation, quelque 150 personnes - dont les associations locales Couleurs Gaies, Les Effrontées 57 ainsi que des sections du NPA et de Révolution permanente - se sont rassemblées mercredi soir à Metz en soutien à Bilal Hassani. Stop Homophobie, association de référence dans la lutte contre les discriminations visant la communauté LGBT+, a de son côté annoncé qu'elle allait porter plainte.