Gaza: Zaho de Sagazan invite Emmanuel Macron à ne plus utiliser un de ses morceaux tant qu'il "laisse faire un massacre"

Zaho de Sagazan aux Victoires de la musique le 14 février 2025 - Bertrand GUAY / AFP
"Nous ne sommes pas là pour enjoliver l'inaction". Dans une publication virale sur les réseaux sociaux, la chanteuse Zaho de Sagazan interpelle Emmanuel Macron sur la situation humanitaire dans la bande de Gaza et l'invite à ne plus utiliser sa célèbre chanson La symphonie des éclairs pour alimenter sa communication.
"Je vous le dis avec gravité: n'utilisez pas les mots des artistes si vous n'agissez pas pour les vies qu'ils défendent", écrit l'artiste ce samedi 26 juillet, estimant que pendant que le chef de l'État célèbre avec cette chanson "la lumière, la sensibilité, la compassion", "sous les nuages, à quelques kilomètres de chez nous, des enfants vivent l'enfer".
Elle l'appelle ainsi à ne pas "décorer (sa) communication avec (ses) chansons, si, par ailleurs, (il laisse) faire un massacre". "Nous ne sommes pas là pour enjoliver l'inaction", insiste-t-elle.
Ce dimanche, Emmanuel Macron a répondu, se déclarant "optimiste" sur le fait que la France pourra "reprendre très vite" ses actions humanitaires à Gaza. "Je refuse que la douleur soit recouverte par le silence", lui a répondu le chef de l'État, affirmant que "la France ne fournit aucune aide militaire, ni directe ni indirecte, aux opérations menées par l'armée israélienne à Gaza.
"Je partage votre exigence: la situation s'aggrave, ce que nous faisons collectivement ne suffit pas", a-t-il encore écrit, l'assurant qu'il n'allait "pas détourner le regard".
"On ne peut pas continuer à disqualifier toute parole critique"
Quelques paragraphes plus haut, Zaho de Sagazan explique ne plus pouvoir se contenter "de réchauffer les cœurs dans dénoncer ce qui s'effondre autour de nous".
"Depuis des mois, le peuple palestinien est bombardé, affamé, déplacé, humilié par le gouvernement israélien, dirigé aujourd'hui par une coalition d'extrême droite", écrit-elle, ajoutant:
"Une société entière est en train d'être effacée, sous les yeux du monde. Et ce monde regarde ailleurs. Ou pire: il justifie, relativise, temporise".
Un "massacre sans fin"
La chanteuse, élue artiste féminine aux Victoires de la Musique 2025, parle "d'un massacre sans fin", "d'une vengeance forcenée menée contre tout un peuple déjà colonisé et écrasé depuis des décennies".
Zaho de Sagazan précise que "le 7 octobre, des civils israéliens ont été victimes de crimes atroces commis par le Hamas" et que "personne ne le nie, rien ne le justifie", se disant "bouleversée par toutes les vies civiles perdues, qu'elles soient palestiniennes ou israéliennes".
L'artiste de 25 ans mentionne les enfants tués à Gaza et les attaques contre les écoles, les hôpitaux, les quartiers civils et déplore qu'"à chaque dénonciation de ces horreurs, on crie à l'antisémitisme". "On ne peut pas continuer à disqualifier toute parole critique par une accusation injuste", écrit-elle ce samedi.
Et d'ajouter: "Il ne s'agit ni d'attaquer un peuple, ni une religion mais de dénoncer la politique génocidaire de Netanyahou et ceux qui la laissent faire".
Une situation humanitaire catastrophique
Zaho de Sagazan adresse son texte directement à Emmanuel Macron. Alors que ce dernier a annoncé ce jeudi 24 juillet qu'il allait "reconnaître l'État de Palestine" en septembre lors d'une allocution aux Nations unies, la chanteuse estime qu'il s'agit d'"un geste symbolique nécessaire", mais que celui-ci "ne suffit pas".
Elle lui demande ainsi d'exiger "un cessez-le-feu total", de mettre "fin à la coopération militaire" et à faire "que l'aide humanitaire, bloquée depuis des semaines par Israël, puisse enfin passer". Quelque 2,4 millions de personnes sont assiégées dans la bande de Gaza. Un blocus total imposé en mars par Israël, très partiellement assoupli fin mai, a entraîné de graves pénuries de nourriture, de médicaments et de carburant dans l'enclave palestinienne.
"Sanctionnez les violations du droit international" et "soutenez les enquêtes pour crimes de guerre", ajoute également Zaho de Sagazan. "Chaque jour de silence, de confusion volontaire, crée de nouvelles victimes, alimente le désespoir, la radicalisation, la haine et enfonce un peu plus notre humanité dans la honte", peut-on lire dans sa publication.
"Il s'agit d'exiger des actes. Pas des mots", conclut la chanteuse.
Une publication virale
Son texte a reçu plus de 100.000 "likes" sur Instagram ce dimanche après-midi et a été repartagé de nombreuses fois, notamment pas d'autres célébrités comme les chanteurs Benjamin Biolay ou Angèle.
Ce dimanche, Israël a déclaré une pause des combats quotidienne à des fins humanitaires dans certains secteurs de la bande de Gaza, après des jours d'alertes de nombreux pays et organisations internationales. De premiers camions chargés d'aide ont ainsi traversé la frontière depuis l'Égypte et les parachutages d'aide humanitaire ont également repris.
Toutefois, les besoins dans l'enclave palestinienne sont immenses. L'ONU et des ONG s'alarment d'une flambée de la malnutrition infantile et d'un risque de famine généralisée parmi ses plus de deux millions d'habitants.