"Je ne savais pas comment aider": le photographe JR explique pourquoi il a déployé sa fresque géante à Lviv

Une semaine après avoir déployé une fresque dans la ville ukrainienne de Lviv, le photographe JR continue de se mobiliser artistiquement pour soutenir la population sur place. Tout juste arrivé dans la ville de Medyka en Pologne, l'artiste raconte au micro de BFMTV la raison de son implication en Ukraine et la génèse son œuvre géante:
"Je regardais les nouvelles et je ne savais pas trop comment aider. Beaucoup d'artistes ukrainiens et personnes sur place m'écrivaient pour me demander de reposter ou partager des choses. Je le faisais mais je me disais que je pouvais faire plus en tant qu'artiste", explique le photographe sur BFMTV.
JR prend alors contact avec des gens sur place notamment avec Artem, un photographe basé à la frontière ukrainienne. "Je lui ai dit 'écoute si tu vois des enfants jouer est-ce que tu peux les prendre en photo et demander le contact des mamans. Il m'a envoyé la photo de cette petite Valéria qui venait de passer en Pologne. On a appelé sa maman pour lui expliquer le projet, elle était partante", ajoute JR.
"Montrer aux avions de Poutine le visage des gens sur qui ils tirent"
La silhouette de Valéria a ensuite été agrandie de 45 mètres de long puis installée, avec l'aide d'une centaine de personnes, sur la place de l'Opéra national à Lviv. En voyant ces gens nombreux venus l'aider, JR comprend alors "à quel point c'était important pour eux d'envoyer une image et de montrer au ciel, d'où les avions de Poutine tirent sur les enfants et sur les personnes, le visage des gens sur qui ils tirent", assure JR.
"En tant qu'artiste mon rôle c'est de soulever des questions. La question que je me posais depuis chez moi, c'était 'est-ce que l'art à sa place au milieu de cette guerre ?' Et le gens sur place m'ont dit 'Mais bien sûr que oui, plus que jamais", affirme l'artiste.
Peu après cette installation, qui a depus fait la Une du Times, JR s'est rendu une seconde fois en Ukraine pour lancer son opération "L'art peut-il changer la guerre?": une vente de NFT au profits des réfugiés ukrainiens. Comme il l'explique à notre micro, l'artiste cherchait un moyen de réunir des fonds de manière "utile" et "répondre aux besoins sur place". Le NFT de cette petite fille ukrainienne coûte 150 euros, qui seront reversés en intégralité à l'aide aux réfugiés.
Sur notre antenne, JR a également expliqué l'accueil étonnament "calme" qui lui a été reservé lors de sa première arrivée sur le territoire ukrainien. "Quand je suis arrivé à Lviv, où il y eu deux bombes pile au moment où on a installé l'image, la situation était calme. On a pas l'impression que la guerre est proche, pourtant il y a les sirènes mais les gens vivent avec", explique-t-il.
Il précise : "On voit sur les vidéos que j'ai postées sur mon compte Instagram que les gens présents sont déterminés à se battre pour leur pays mais qu'ils sont pas dans une haine, ils sont là avec une certaine résilience et c'était très émouvant de voir ça."
Mais à son retour, JR prend conscience de l'urgence de la situation, notamment lorsqu'il fait face aux longues lignes de réfugiés dans l'attente de passer la frontière à pieds. "Là, on a pris l'impact de la guerre en pleine face. C'est que des femmes, des enfants, des maris qui les accompagnent et qui pleurent au dernier moment quand ils doivent les laisser", confie l'artiste.
"Une fois de l'autre côté ils sont un peu perdus. Ils prennent un bus et partent vers l'inconnu mais ne veulent pas aller loin car pour eux la guerre va se terminer très vite", ajoute-t-il.
"Je m'imaginais pas il y a 10 jours à aller en Ukraine"
Avec son influence et sa renommée mondiale, JR se veut également le relai des artistes ukrainiens sur place.
"Beaucoup ont fait la route pour me retrouver aujourd'hui. Ces artistes qui m'ont poussé à faire ce projet font tout ce qu'ils peuvent pour garder la culture vivante", détaille-t-il.
Questionné sur la suite de sa mobilisation sur place, JR a également affirmé qu'il ne se rendrait à Kiev que si cela était nécessaire. "Je m'imaginais pas il y a 10 jours à aller en Ukraine, je ne suis pas journaliste, je ne suis pas reporter de guerre, je ne suis qu'un simple artiste. Je ne cherche pas à parasiter un conflit qui est déjà très compliqué. Si à un moment dans notre projet ça fait sens, je viendrais autrement je n'irais pas."