"The Brutalist": à l'approche des Oscars, une polémique enfle autour de l'utilisation de l'IA

Polémique aux Oscars. The Brutalist, l'un des favoris de l'édition 2025, est sous le feu des critiques en raison d'un léger recours à l'Intelligence artificielle en post-production.
En salles le 12 février prochain, le film-fleuve de 3h34 signé Brady Corbet s'annonce comme l'un des grands succès de l'année. Cette fresque sur un architecte hongrois survivant de la Shoah, incarné par Adrien Brody, a remporté le Lion d'argent de la dernière Mostra de Venise et été récompensé de trois Golden Globes début janvier, dont celui de meilleur film dramatique et de meilleur acteur dans un film dramatique pour Brody.
La course aux trophées se poursuivra le 2 mars prochain avec les Oscars, où The Brutalist figure parmi les favoris, avec 10 nominations. Mais une controverse enfle depuis que Dávid Jancsó, monteur du film, a évoqué l'utilisation de l'Intelligence artificielle afin de parfaire les accents hongrois de l'Américain Adrien Brody et de la Britannique Felicity Jones, qui incarne son épouse.
"Le hongrois est ma langue maternelle et je sais que c'est l'une des langues les plus difficiles à apprendre à prononcer", a-t-il déclaré au média RedShark.
"Nous avons coaché (les acteurs) et ils ont fait un travail fabuleux, mais nous voulions aussi le perfectionner de façon à ce que même les gens du pays ne remarquent aucune différence."
Le réalisateur se défend
Pour cela, l'équipe a fait appel aux services de la société ukrainienne Respeecher, spécialisée dans la technologie de génération de voix par Intelligence artificielle pour les dialogues en hongrois. Face aux critiques, le réalisateur Brady Corbet a pris la parole dans les colonnes du Hollywood Reporter:
"Les prestations d'Adrien et de Felicity sont entièrement les leurs", a-t-il assuré. "Ils ont travaillé avec la coach en dialectique Tanera Marshall pour parfaire leur accent. La technologie innovante de Respeecher n'a été utilisée que pour l'édition des dialogues en hongrois, spécifiquement pour affiner certaines voyelles et certaines lettres afin d'être justes. Rien n'a été changé en anglais. C'était un travail manuel, réalisé par notre équipe sonore et Respeecher en post-production."
"Un peu moins de quelques minutes"
Rencontré par BFMTV dans le cadre de la promotion du film, Adrien Brody s'est lui aussi exprimé sur le procédé. "Le travail de post-production concernait seulement quelques mots, uniquement en hongrois", a-t-il assuré:
"J'espère que les gens vont vraiment le comprendre, parce qu'il y a eu tellement de travail, notamment avec notre coach en dialectique. On a tous travaillé très dur."
"Je comprends totalement que l'intelligence artificielle, rien que le fait de prononcer ces mots, suscite de l'inquiétude", a-t-il poursuivi. "Mais nous vivons à une époque où ce sujet mérite plus de recul et des discussions plus apaisées."
"Brady (Corbet) est un réalisateur très précautionneux", a conclu l'acteur, déjà oscarisé pour Le Pianiste en 2003. "Il s'est saisi de cette question avec un immense respect pour le travail d'acteur, et nous parlons de quelque chose qui concerne un peu moins de quelques minutes, hors-champ, dans une autre langue. Ce n'est pas ce qui a été décrit."
Cette polémique pourrait-elle mettre à mal les chances du film aux Oscars? Stan Brooks, producteur américain, est venu à la rescousse du long-métrage dans une tribune publiée par le Hollywood Reporter, intitulée "Ne laissez pas ce boucan ternir un film sincèrement exceptionnel." Quant au règlement de la remise de prix, il ne prévoit aucune restriction sur l'Intelligence artificielle.