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Oscars 2025: pourquoi "Anora" est le favori pour remporter l'Oscar du meilleur film

Mark Eydelshteyn et Mikey Madison dans "Anora" de Sean Baker

Mark Eydelshteyn et Mikey Madison dans "Anora" de Sean Baker - Le Pacte

Le film de Sean Baker, déjà Palme d'or au Festival de Cannes 2024, est bien placé pour rafler la mise ce dimanche 2 mars lors de la 97e cérémonie des Oscars.

Qui remportera l'Oscar du meilleur film ce dimanche 2 mars? Si la polémique Emilia Pérez semble avoir disqualifié la comédie musicale de Jacques Audiard, Anora de Sean Baker est désormais le plus susceptible de succéder à Oppenheimer de Christopher Nolan, qui avait remporté en 2024 la récompense suprême du 7e Art.

"Anora, qui mêle comédie, sexe et lutte des classes, a vraiment ému les votants cette année", assure Rolling Stone. Pour Vanity Fair, cela ne fait pas de doute, c'est Anora qui remportera l'Oscar du meilleur film. "En un instant, il est passé d'outsider à grand gagnant", s'emballe la revue. Un avis partagé par Variety et le New York Times.

"Anora a décroché toutes les nominations nécessaires, estime le quotidien newyorkais. "C'est le film qui l'emportera."

Le Hollywood Reporter, de son côté, s'est appuyé sur un ensemble de données allant des récompenses glanées par le film lors des précédentes cérémonies de prix aux notes des critiques en passant par les paris des bookmakers, pour prouver les chances d'Anora de l'emporter. La revue les estime à 52%, loin devant Conclave (15% de chances de l'emporter).

Sean Baker favori

Selon Rolling Stone, il serait "absurde" de considérer Conclave comme favori. Ce thriller situé au Vatican a pourtant remporté les récompenses suprêmes des BAFTA et des SAG Awards, ce qui en fait l'outsider de la compétition. "Conclave est un joyeux roman de gare, pas un lauréat de l'Oscar du meilleur film", analyse encore la revue.

Si Conclave venait à remporter l'Oscar du meilleur film, il deviendrait en effet le septième lauréat de l'histoire de la cérémonie à l'emporter sans nomination dans la catégorie "meilleure réalisation". Catégorie où... Sean Baker est par ailleurs le favori, à en croire les médias américains.

Ils en veulent pour preuve les prix qu'il a reçus début février aux PGA Awards. Depuis 2009, le vainqueur des PGA Awards (Producers Guild of America), décerné par les producteurs américains, a en effet systématiquement remporté l'Oscar du meilleur film - à trois exceptions près. Oppenheimer avait ainsi été salué aux PGA Awards l'année dernière.

Discours passionné

Le prix du meilleur film de la Directors Guild of America (DGA), décerné début février, est aussi allé à Anora. Un autre indicateur fort pour les Oscars: comme le souligne la revue Deadline, l'Oscar du meilleur réalisateur a été décerné 19 fois lors des 22 dernières années à l'œuvre ayant été sacrée meilleur film aux DGA Awards.

Dans son discours aux DGA, Sean Baker a insisté sur la nécessité de renforcer la distribution des films en salles. "Faisons tout ce qui est en notre pouvoir, nous les réalisateurs, pour élargir la fenêtre de distribution. Faisons comme avant, diffusons-les au moins 90 jours. Cela aiderait les cinémas."

Un discours qui a trouvé écho dans une industrie cinématographique exsangue, rapporte le site spécialisé Indiewire: les deux derniers lauréats de l'Oscar du meilleur film, Everything Everywhere All at Once et Oppenheimer, ont tous les deux rencontré des succès sans précédent et surprises au box-office mondial.

"Faire vivre le cinéma indépendant"

Lors des Film Independent Spirit Awards, le 22 février, Sean Baker a aussi appelé dans un discours passionné, qui a fait sensation, à "continuer de faire vivre le cinéma indépendant". "Il est en difficulté, plus que jamais" a-t-il déclaré lors de cette cérémonie qui salue les films produits pour moins de 30 millions de dollars.

Produit pour seulement 6 millions de dollars, Anora est devenu un succès dans les salles d'art et d'essai et a rapporté 40 millions de dollars dans le monde entier. La critique a loué la mise en scène du film, qui mélange comédie et thriller. Le film a aussi remporté la Palme d'or à Cannes en mai dernier.

Décrit comme un Pretty Woman punk et trash, ce film mené tambour battant peint le portrait de Ani. Strip-teaseuse et escort-girl, elle épouse Vanya, le fils d'un oligarque russe. L'idylle se termine lorsqu'un trio de mafieux envoyés par les parents de Vanya débarquent chez eux pour annuler cette union.

"Film magnifique"

Le personnage d'Ani est magnifié par Mikey Madison, comédienne découverte dans Once Upon a Time… in Hollywood et Scream 5 et dont l'interprétation est "captivante" selon Isabelle Huppert. Cette actrice de 25 ans est par ailleurs la favorite pour l'Oscar de la meilleure actrice face à une Demi Moore en plein come-back avec The Substance.

Avec le personnage d'Ani, Sean Baker refuse de raconter une simple histoire de prostituée au grand cœur, pour mieux explorer la complexité de son personnage. Le sujet lui tient à cœur: il avait déjà abordé le travail du sexe dans ses précédents films Tangerine, The Florida Project et Red Rocket. Des œuvres qui mettent en scène des personnages marginaux débordant d'humanité.

Lors de son discours de remerciement, au Festival de Cannes, Sean Baker avait dédié son film "à toutes les travailleuses du sexe". Avec Anora, il veut changer les regards sur ces personnes "injustement stigmatisées". Avec les Oscars, ce dimanche, il pourrait remporter son pari.

https://twitter.com/J_Lachasse Jérôme Lachasse Journaliste BFMTV