"L'affaire SK1", la traque de Guy Georges sur grand écran

Raphaël Personnaz et Olivier Gourmet dans "L'affaire SK1" de Frédéric Tellier. - SND
Le 5 avril 2001, Guy Georges est condamné à la prison à perpétuité. Pendant sept ans, celui qu’on a appelé le "tueur de l’est parisien" a violé et assassiné sept jeunes femmes, échappant plusieurs fois à la police.
Pour la première fois, la traque de ce tueur hors normes est portée à l’écran. L'affaire SK1, en salles ce mercredi, replonge le spectateur dans les méandres de cette histoire criminelle, en suivant à la trace un jeune policier, Charlie, inspiré d'un des enquêteurs du 36 quai des Orfèvres, qui a travaillé des années sur ce dossier.
"J'avais l'impression d'être un enquêteur"
Pour retracer la traque du tueur de l’est parisien, les acteurs se sont immergés dans l'affaire. Raphaël Personnaz, qui incarne Charlie, s'est vu remettre par Frédéric Tellier, le réalisateur, en plus du scénario, une épaisse pile de documents, comptes rendus, articles de l'époque et procès verbaux. "Je me suis retrouvé chez moi et j'avais l'impression d'être un enquêteur et de ressasser le passé et toute l'affaire", confie l'acteur.
Raphaël Personnaz, tout comme Nathalie Baye dans le rôle de l'avocate de Guy Georges, a même rencontré celui qu'il incarne, et discuté avec lui de l'affaire. "J’ai eu la chance de pouvoir le côtoyer, de pouvoir l’interroger. J’ai eu la chance d’entendre ses réponses et parfois ses silences", se souvient-il.
L'homme derrière le monstre
Le film adopte deux points de vue: d'un côté celui des policiers, leurs tâtonnements, leurs erreurs, leurs rivalités, leur découragement, les fausses pistes, puis enfin le dénouement. De l'autre le procès, les familles des victimes, les avocats de l'accusé et Guy Georges lui-même.
"Coller à la la réalité est un parti pris auquel je tenais très fort", souligne Frédéric Tellier, dont c'est le premier long métrage. Ce qui relève du cinéma, "c'est le rythme, la façon de raccourcir dix ans en deux heures", le reste, c'est la réalité. "80% de ce qu’on voit dans le film, ce sont des résumés de procès verbaux". Le réalisateur a également beaucoup échangé avec Patricia Tourancheau, journaliste à Libération qui a suivi l'affaire, assisté au procès et écrit un livre de référence, La Traque.
La reconstitution est minutieuse. "Les décors ont été refaits à l’identique, toutes les séquences dans le procès, on a tourné dans les vraies salles d’assise d’époque", ajoute encore Frédéric Tellier. Cette reconstitution fidèle a aidé Adama Niane, qui incarne Guy Georges, à se glisser plus facilement dans la peau du tueur en série. "Entrer dans la salle, avoir les menottes, trois gendarmes, 200 figurants qui veulent voir qui est l’acteur qui va jouer Guy Georges, et cet espèce de brouhaha: je pense qu’il a eu quelque chose d’un peu équivalent".
"J'ai un peu de mal à voir le film"
Nathalie Baye, elle, joue le rôle de Frédérique Pons, qui a défendu Guy Georges lors de son procès. Dans le film, elle a cette phrase: "Je suis celle qui traque l'homme derrière le monstre". "Je pense que Frédérique Pons a eu besoin de gratter là", estime l'actrice. "Ce n'est pas pour lui trouver une excuse. Il est toujours pour autant cet homme qui a tué ces jeunes femmes, et ce monstre. Mais il y a aussi un homme derrière le monstre".
Un monstre qui a marqué son interprète, passé de Plus belle la vie à Guy Georges. "J’ai été un peu inconscient de tout ça pendant longtemps", lâche Adama Niane. "C’est maintenant que je commence à avoir des retours. J’ai un peu de mal à voir le film, pour être honnête, je ne m’y attendais pas. (...) Je suis fier de l’énergie que j’ai réussi à y mettre, mais quand je me suis vu sur la pellicule dans cet état de délabrement psychologique émotionnel porteur de toute cette tragédie..." Et de conclure: "Ce qui nous fait tous froid dans le dos c’est que c’est une violence faite par l’un d’entre nous. On est bien obligés de regarder la bête un peu en face et elle pourrait parfois nous ressembler. Pour moi c’est le cœur du sujet".
L'affaire SK1 est en salles ce mercredi.