Kevin Costner accusé par une cascadeuse de lui avoir fait jouer une scène de viol sans son consentement

L'acteur et réalisateur américain Kevin Costner au Festival de Cannes le 19 mai 2024. - Christophe Simon - AFP
L'acteur américain Kevin Costner et les maisons de production de son prochain film, Horizon 2, font l'objet d'une plainte déposée mardi 27 mai par une cascadeuse en Californie. Ils sont accusés de l'avoir contrainte par surprise à réaliser une scène de viol qui n'apparaissait pas dans le script, contrevenant au protocole. Les poursuites portent sur des faits de harcèlement sexuel, d'environnement de travail hostile et de rupture de contrat.
Horizon: un saga américaine est une saga de western divisée en quatre volets, dont le premier est sorti en salles l'été dernier, sans vraiment affoler les foules. Un projet porté par Kevin Costner, qui officie comme acteur principal, producteur, réalisateur et scénariste.
Les faits reprochés remontent au 2 mai 2023 et se seraient déroulés sur le lieu du tournage dans l'Utah, où Devyn LaBella officiait comme doublure cascade de l'actrice Ella Hunt (interprète de Juliette dans la saga). D'après la plainte, relayée par le Hollywood Reporter, une scène de viol du personnage de Juliette, prévue en amont, avait été tournée la veille et assurée par Ella Hunt. Mais le 2 mai, Kevin Costner aurait voulu diriger une nouvelle scène de viol, qui ne figurait pas sur le scénario. Ella Hunt aurait refusé d'y prendre part.
C'est ainsi que Devyn LaBella se serait retrouvée sur le plateau, sans avoir été informée de la teneur de la scène au préalable. Elle assure n'avoir découvert qu'il s'agissait d'une scène de viol que lorsque Kevin Costner a fait venir l'acteur Roger Ivens en lui demandant de simuler l'acte.
Le règlement bafoué?
La plaignante rapporte que le réalisateur lui a demandé de "s'allonger", avant d'indiquer à l'acteur de "violemment" remonter sa jupe, de la maintenir au sol et d'"interpéter un viol simulé brutal à répétition" tandis que Kevin Costner "tentait différents angles pour cette action de viol", détaille le Guardian.
Dans sa plainte, Devyn LaBella affirme que les règles du protocole du syndicat du cinéma Sag-Aftra relatives aux scènes intimes, ainsi que celles stipulées par son contrat, n'ont pas été respectées: annonce 48 heures à l'avance pour le tournage d'une scène intime, recueil du consement des acteurs obligatoire, présence d'un coordinateur d'intimité, équipe réduite.
Pour ce dernier point, elle rapporte que "la scène était retransmise publiquement sur les écrans (du plateau) et que l'équipe entière pouvait y assister". Devyn LaBella assure que ces règles avaient été respectées pour le tournage de la scène de viol de la veille, assurée par Ella Hunt.
"Je me suis retrouvée en situation de vulnérabilité, sans protection et profondément trahie par un système qui promettait sécurité et professionnalisme", écrit-elle. "Ce qui m'est arrivé a brisé ma confiance et modifié à jamais la manière dont j'évolue dans cette industrie." Elle déclare avoir entamé une thérapie en juin 2023.
Kevin Costner se défend
Toujours selon la plainte, Kevin Costner n'a pas prononcé les "action" et "coupez" de rigueur, ce qui n'a pas permis à Devyn LaBella de prendre totalement la mesure de ce qui se déroulait. Elle ajoute que Roger Ivens, l'acteur, ne retirait jamais les mains de son corps, et que le département des costumes ne l'avait pas préparée à ce que ses sous-vêtements soient exposés comme ils l'ont été.
Kevin Costner réfute les accusations, et assure qu'il "tient toujours à s'assurer que chacun se sente à l'aise en travaillant sur ses films", dans un communiqué transmis à Deadline par son avocat, Marty Singer.
"(Kevin Costner) prend très au sérieux la sécurité sur le plateau", déclare encore son conseil, assurant que les accusations de Devyn LaBella "n'ont aucun fondement, et qu'elles contredisent complètement ses propres actions ainsi que les faits".
Marty Singer livre ainsi une version différente: selon lui, ce que Devyn LaBella décrit comme le tournage d'une scène était en fait une répétition - ce qui implique qu'il y en aurait bien eue une - non filmée et qu'elle a eu lieu en présence des responsables des cascades. Il ajoute qu'à l'issue de cette "répétition", Devyn LaBella "a adressé un 'pouce en l'air' au responsable des cascades, indiquant sa volonté de tourner la scène si besoin." Et affirme qu'elle a bel et bien été tournée, mais avec une autre doublure.
Il ajoute qu'elle s'est montrée "de bonne humeur" après le tournage et dévoile le contenu d'un message qu'elle aurait envoyé au responsables de cascades en fin de parcours, dans lequel elle le remerciait pour de "merveilleuses semaines".
Cascadeuse habituée des plateaux
Devyn LaBella, qui a travaillé par le passé comme cascadeuse sur Barbie et la série American Horror Stories, assure par ailleurs dans sa plainte avoir fait part de ses sentiments à plusieurs responsables de cascade et au coordinateur d'intimité du film. Elle indique avoir reçu quelques excuses de collègues mais que par la suite, elle s'est retrouvée plusieurs jours de suite dans sa caravane, en costume, sans être appelée sur le tournage.
Elle déclare, enfin, que sa carrière a connu "une ralentissement abrupt" après ce film, et que le coordinateur d'intimité ne l'a pas réembauchée pour le tournage du troisième.