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Cinéma

Grève à Hollywood: les acteurs ne veulent pas être "clonés" par l'intelligence artificielle

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Le syndicat des acteurs SAG-AFTRA veut obtenir des garanties concernant l'usage de l'intelligence artificielle (IA), pour empêcher cette dernière de générer des scripts ou de cloner la voix ou l'image des professionnels du septième art.

Un scénario digne d'un épisode de Black Mirror. Parmi les raisons de la colère des acteurs d'Hollywood, en grève depuis ce vendredi après l'échec de négociations avec les grands studios américains: l'intelligence artificielle. Le syndicat des acteurs SAG-AFTRA, qui représente 160.000 professionnels du petit et grand écran, accuse les grandes entreprises de vouloir "les remplacer par des machines".

Lors d'une conférence de presse jeudi, Duncan Crabtree-Ireland, leader du SAG-AFTRA, a affirmé que l'AMPTP, alliance des producteurs de cinéma et de télévision qui représentait les studios et plateformes de streaming dans les négociations, a fait une proposition "révolutionnaire" aux représentants syndicaux.

"Ils ont proposé que les figurants puissent être 'scannés', soient payés une journée, et que leur image appartienne aux sociétés de production, afin qu'elle puisse être réutilisée pour n'importe quel projet, n'importe quand, sans compensation", a-t-il lancé.

"Si vous pensez que c'est une proposition 'révolutionnaire', je vous suggère de penser à nouveau", a conclu Duncan Crabtree-Ireland.

"Si nous ne nous levons pas maintenant (...) nous risquons tous d'être remplacés par des machines et des grandes entreprises qui se préoccupent plus de Wall Street que de vous et de votre famille", a indiqué de son côté Fran Drescher, la présidente de la SAG-AFTRA.

Première grève depuis 1980

En rejoignant les scénaristes sur les piquets de grève, les acteurs provoquent un double mouvement social jamais vu depuis 1960 à Hollywood. En plus d'une revalorisation de leur rémunération, ils souhaitent donc obtenir des garanties concernant l'usage de l'intelligence artificielle (IA), pour empêcher cette dernière de générer des scripts ou de cloner leur voix et image.

L'AMPTP s'est dite "très déçue" de l'échec des négociations. Le patron de Disney, Bob Iger, a même fustigé des exigences "irréalistes" sur la chaîne CNBC, rapporte l'AFP, qui note que le géant aux oreilles de Mickey a eu recours à l'intelligence artificielle pour produire le générique de sa nouvelle série Marvel lancée en juin, Secret Invasion.

Signe que le mouvement s'annonce historique: les acteurs n'avaient pas fait grève depuis 1980. La dernière grève des scénaristes, qui remonte à 2007-2008, avait duré 100 jours et coûté deux milliards de dollars au secteur.

Ariel Guez