"Good boy": pourquoi ce film d'horreur à hauteur de chien ne sort que 48 heures au cinéma

Le film d'horreur "Good boy", en salles les 10 et 11 octobre 2025 - Shadowz
Un chien tout mignon, oreilles tombantes et pelage brun clair, prénommé Indy, balade son museau affiné d'une pièce à l'autre de la maison forestière - peut-être hantée - du grand-père de son maître. Lui est un type pâlot, peureux, rongé par la maladie. Le canidé - un Retriever de la Nouvelle-Écosse pour les puristes - aboit, s'affole. Veut le sauver. Tel est le pitch de départ de ce film d'horreur fou, tourné du point de vue du toutou, qui amuse et fascine les réseaux sociaux depuis plusieurs semaines.
Sur X, les images d'Indy, au regard mielleux et innocent, pullulent au milieu de critiques élogieuses du film. "À la fois bobine horrifique et hommage au meilleur ami de l’homme, Good Boy est une expérience unique de laquelle on ne ressort pas tout à fait indemne tant l’ensemble se montre fort en émotions. Un film déroutant, poignant et surtout marquant", juge par exemple DarkSideReviews sur X. Sur le site américain Rotten Tomatoes, ce premier long-métrage de l'Américain Ben Leonberg est crédité de 95 % d'avis positifs et figure parmi les films d'horreur les plus déchirants de 2025.
En dehors des réseaux sociaux, Indy a marqué le tapis rouge du festival SXSW à Austin, en mars dernier, devenant au passage la nouvelle coqueluche du cinéma indépendant américain.
Visa temporaire du CNC
Face à l'emballement des internautes, son diffuseur français, la plateforme de streaming dédiée aux films d'horreur Shadowz, a donc décidé de lui octroyer une sortie dans 230 salles françaises (UGC, CGR, Kinépolis, Pathé, indépendants…) pendant 48 heures, du 10 au 11 octobre. Quelques milliers de tickets ont déjà été réservés. Good boy sera ensuite mis en ligne le 31 octobre, soir d'Halloween, sur le portail de Shadowz.
"On avait déjà pensé à mettre en place ce dispositif quand on a découvert le film au début de l'été et qu'on a acquis les droits français, mais là, avec le buzz qui a suivi la diffusion du trailer, la sortie en salle s'est imposée", explique Aurélien Zimmermann, programmateur et responsable éditorial chez Shadowz, interrogé par BFMTV.com.
Pour cela, Shadowz a demandé un visa temporaire de 48 heures au CNC pour l'exploiter au cinéma, sur moins de 500 copies - ce dispositif avait fait polémique l'an passé lorsque le documentaire Kaizen d'Inoxtag, bénéficiant de ce précieux sésame, avait largement dépassé le nombre limite de salles. Puis s'est entouré de CGR Events, spécialisé sur ce genre de séances événementielles.
"Ne pas épuiser le film"
Pour Shadowz, l'atout de ce visa est triple: créer un événement, toucher un public plus large, "sans pour autant épuiser trop vite le film, qui reste très indépendant", donc plutôt confidentiel, précise Aurélien Zimmermann, et s'épargner les lourdeurs de la chronologie des médias. "Nous ne sommes pas du tout contre la chronologie des médias, elle est très importante pour le fonctionnement de l'industrie, mais elle nous aurait contraints à attendre dix-sept mois pour diffuser Good boy sur notre plateforme", poursuit-il.
Ce type de sortie express est également beaucoup plus simple, rapide, et moins coûteux à mettre en place qu'un lancement classique. Shadowz a en effet essentiellement promu le film sur les réseaux sociaux, s'épargnant une vaste et onéreuse campagne d'affichage physique.
Aurélien Zimmermann ajoute que la sortie sur 48 heures permet à la plateforme de limiter les risques de piratage, étant donné que Good boy sort en streaming en octobre aux États-Unis.
Concept fort
Les résultats seront-ils pour autant à la hauteur des attentes? "Même si c'est un film indépendant, tourné avec peu de moyens, Good boy a un concept très fort, doublé d'une très belle photographie", balaie d'emblée Aurélien Zimmermann. Son réalisateur Ben Leonberg a en effet tourné ce long-métrage avec son propre chien, sur 400 jours étalés sur trois ans. "Et ce, afin d'aller au rythme de l'animal", raconte le programmateur de Shadowz.
Le cinéaste a même incarné le rôle du maître pendant le tournage afin de mettre en confiance son canidé. Ce personnage, non visible à l'écran, a ensuite été doublé par un autre comédien. Ben Leonberg s'est également entouré d'une équipe très réduite - sa femme étant notamment la productrice - afin de tourner ce film à hauteur de chien. Audacieux.