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Cinéma

"Cinquante nuances de Grey": comment la production a voulu éviter le "bad buzz"

L'affiche de "Cinquante nuances de Grey", en salles mercredi 11 février.

L'affiche de "Cinquante nuances de Grey", en salles mercredi 11 février. - Universal

Universal, qui produit et distribue Cinquante nuances de Grey, n'a souhaité montrer le film aux journalistes que la veille de sa sortie, et imposé un embargo sur les critiques.

Les journalistes qui ont pu voir Cinquante nuances de Grey ont la libido à zéro. Pas sulfureux pour deux sous, le film suscite même "quelques sourires", pour Nicolas Rouyer d'Europe 1. Universal avait pourtant tout mis en oeuvre pour faire monter la sauce. Et pour que les critiques soient visibles le plus tard possible. 

La presse n'a ainsi pu voir le film que le mardi précédant sa sortie. Après le matraquage commercial, ceinture. "Interdiction de publier une critique du film avant mercredi 11 février à 10 heures disait un message à l'écran pendant la projection de presse... Sous peine de punition?", ironise Frédéric Strauss sur le site de Télérama.

"On ne sait à quel genre de sévices on s’expose"

"10 heures, c'est à dire après que la première projection commerciale, à 9 heures dans les multiplexes des grandes villes, aura commencé", précise Thomas Sotinel du Monde. Sans oublier l'interdiction de prendre des photos et le "téléphone portable laissé à l'entrée", selon Europe 1. "On ne sait à quel genre de sévices on s’expose en cas de rupture de ce contrat de défiance", en rajoute Didier Péron dans Libération. Le procédé n'est certes pas rare- les Wachowski en ont usé pour leur film Jupiter, pas plus tard que la semaine dernière- mais peu apprécié par les professionnels.

Et si les journalistes ont scrupuleusement respecté l'embargo qui les liait, ils n'ont pas hésité à dézinguer le film. Les critiques déplorent ainsi avec une belle unanimité l'absence d'érotisme, la fadeur du casting, les dialogues plats (Le Figaro, Nathalie Simon) le manque d'alchimie entre les acteurs. Et déclinent avec un plaisir non dissimulé la métaphore sado-maso.

"Trois claques sur les fesses"

"Conte de fée réac" pour Libé, "conte de fesse", pour Europe 1, ou encore "Walt Disney tradi pour adultes sans humour (Libé), Cinquante nuances de Grey n'a "pas de quoi fouetter un chat" selon Télérama. "Film sulfureux? Dérangeant? Pas du tout. On est loin du langage cru du roman", regrette Claire Fleury sur notre antenne. Il faut en effet attendre 40 minutes avant le premier baiser et une heure et demi pour pénétrer dans la fameuse pièce rouge... "Les scènes censément 'chaudes' ont beau se succéder. Rien dans ce film n’est excitant", note une sexothérapeute dans Psychologies.

"Trois claques sur les fesses, six coups de fouet, un vol en hélicoptère, un vol en planeur", dénombre Thomas Sotinel dans Le Monde. Foin de pratiques libertines et subversives (sur)vendues par la production à grands coups de menottes et de loups vénitiens, d'interviews des acteurs, quasi traumatisés par l'expérience. "Dans le fond, en deux heures, il n'y a de supplice que pour une seule personne: le spectateur", conclut Quentin Girard, dans Libération.

Mais à voir les premières réactions des fans et les 200.000 réservations rien que pour le jour de la sortie, il semble qu'Universal n'ait pas trop de souci à se faire.

Magali Rangin/ Sujets vidéo Claire Fleury