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Cinéma

"Chien 51": la dystopie policière sur l'intelligence artificelle de Cédric Jimenez

Adèle Exarchopoulos et Gilles Lellouche dans "Chien 51", de Cédric Jimenez.

Adèle Exarchopoulos et Gilles Lellouche dans "Chien 51", de Cédric Jimenez. - Chi-Fou-Mi Productions

L'ambitieux long-métrage de Cédric Jimenez, avec Adèle Exarchopoulos et Gilles Lellouche, suit l'enquête de deux policiers que tout oppose dans un Paris dystopique, surveillé par une intelligence artificielle. Un film nerveux, bien réalisé, mais sans nuances.

Et si vous chantiez What's going on ? aux côtés d'Adèle Exarchopoulos et de Gilles Lellouche ? L'expérience peut paraître étonnante - cringe pour certains trublions de la Gen Z - elle est, en tout cas, une des respirations dans l'apnée de Chien 51, le dernier film de Cédric Jimenez (Bac Nord, Novembre), adapté du roman éponyme de Laurent Gaudé.

Dans un Paris futuriste, des castes sont séparées en trois espaces: les plus pauvres en zone 3, les privilégiés en 2, et l'élite ultime en 1. Chaque habitant, muni d'un bracelet comportant toutes ses données d'identité, est traqué par l'intelligence artificielle Alma. Un outil utilisé par les forces de l'ordre pour lutter contre la criminalité.

Cette technologie n'est - on s'en doute - pas du goût de tous, en particulier du groupuscule Breakwalls mené par Jon Mafram (Louis Garrel). Quand l'inventeur d'Alma est assassiné, tous les regards se posent alors sur cette organisation, que le Premier ministre (Romain Duris) qualifie de "terroriste". Zem (Gilles Lellouche), officier déclassé et insolent de la zone 3, et Salia (Adèle Exarchopoulos), jeune espoir de la police de la zone 2, sont alors forcés de mener une enquête à quatre mains pour retrouver le meurtrier.

Virilité exacerbée

Minority Report à la française, le long-métrage d'anticipation de Cédric Jimenez séduit visuellement par sa méthode - déjà usitée dans Novembre ou Bac Nord - dès sa scène d'ouverture. Des voitures à toute berzingue. Des bruits de coups de feu et autres effets sonores à tout va. Des caméras toujours en mouvement. Un montage nerveux à la virilité exacerbée. Submersion d'informations. Éclatant, sans être (trop) clinquant. Efficace, donc. Les effets visuels n'ont rien à envier aux blockbusters américains - le film, produit par Chi-Fou-Mi, compte 50 millions d'euros de budget tout de même.

Élément structurant et signature de Cédric Jimenez toujours: ses collaborations de longue date avec des acteurs très en vue, en particulier la captivante et très juste Adèle Exarchopoulos. Contrairement à Novembre dans lequel les policiers sont réduits à leur fonction, Chien 51 tente une incursion dans l'intimité des personnages…et échoue. La profondeur psychologique n'est pas le fort du film. Les dialogues, non plus. Et encore moins les sentiments - personne ne croit à l'histoire d'amour entre les personnages principaux.

Chien 51 interroge - à raison - l'ultra-surveillance des foules que les discours sécuritaires tendent à imposer. Mais le propos politique et technologique semble écrit au feutre rouge. Les classes sociales caricaturales. La méchante IA. Les politiques plus cyniques les uns que les autres. Et les vaillants policiers au désir de justice, les mérites héroïques d'une profession bousculée par les ordres de sa hiérarchie déconnectée et la réalité du terrain. Manichéen, donc.

Le long-métrage avait-il l'ambition de porter une réflexion plus nuancée ? Peut-être pas. Le réalisateur décline - de manière assumée - un unique point de vue policier dans ses œuvres. Chien 51 ne fait pas exception. La dystopie rencontrera - sans aucun doute - un engouement populaire. Bien réalisée et divertissante, mais il ne faut pas en attendre plus.

Chien 51 de Cédric Jimenez a clôturé l'édition 2025 de la Mostra de Venise et sortira en salles le 15 octobre prochain.

Sophie Hienard