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Paris Île-de-France

Yvelines: des associations saisissent la justice pour dénoncer des conditions de détention "indignes" à Bois-d'Arcy

Un couloir de la maison d'arrêt de Bois-d'Arcy dans les Yvelines le  8 juillet 2014

Un couloir de la maison d'arrêt de Bois-d'Arcy dans les Yvelines le 8 juillet 2014 - KENZO TRIBOUILLARD © 2019 AFP

L'observatoire international des prisons (OIP) veut contraindre l'administration à prendre plusieurs mesures pour améliorer l'état de prison. En visite ce mardi matin, Eric Dupond-Moretti a annoncé plusieurs phases de travaux visant à rénover les cellules.

L'observatoire international des prisons (OIP) et plusieurs organisations d'avocats ont annoncé avoir saisi la justice lundi pour "mettre fin à l'indignité" des conditions de détention au centre pénitentiaire de Bois-d'Arcy (Yvelines), en réclamant des "mesures d'urgence".

Le tribunal administratif de Versailles saisi

Leur requête vise "à mettre un terme à l'indignité des conditions de détention et aux violations flagrantes des droits fondamentaux des personnes détenues" à Bois-d'Arcy, ont-ils précisé dans leur communiqué.

L'OIP, l'Association des avocats pour la défense des droits des détenus (A3D) et l'Ordre des avocats du barreau de Paris ont donc saisi le juge des référés du tribunal administratif de Versailles.

Ils "entendent contraindre l'administration à adopter un certain nombre de mesures", notamment pour prévenir les "risques d'incendies", améliorer les "conditions matérielles d'accueil des détenus" et "l'accès aux soins".

Des travaux entrepris, mais insuffisants

Lundi matin, la sénatrice EELV de Paris Esther Benbassa a visité la maison d'arrêt de Bois-d'Arcy. L'élue a ensuite décrit le centre pénitentiaire comme "vétuste", avec des parties communes et des cellules en "piètre état".

"Il y a des problèmes d'isolation thermique: c'est une passoire où il fait trop froid ou trop chaud", a ajouté la sénatrice. Esther Benbassa a toutefois salué les "efforts" de rénovation entrepris.

Certaines cellules ont été repeintes, et l'électricité est en train d'être refaite pour un montant de 15 millions d'euros, a indiqué Eric Dupond-Moretti en visite dans l'établissement ce mardi matin.

Une installation électrique remise aux normes permet à présent aux détenus de disposer de plaques de cuisson et de réfrigérateurs dans les cellules rénovées, a constaté l'AFP. Mais les douches sont délabrées, les vitres sales, et les fenêtres des cellules ferment mal, exposant les détenus aux conséquences des intempéries. Quant à la cour de promenade, elle ne comporte aucun mobilier ni équipement, et est jonchée de déchets.

Depuis le 16 décembre dernier, des travaux ont été entrepris dans le petit quartier d'hébergement et devraient prendre fin au mois de mai. Une autre phase de travaux dans les cellules du grand quartier est prévue entre le 10 juillet 2023 et l'été 2024, a annoncé le garde des Sceaux.

Ces rénovations des cellules comprennent le nettoyage, la remise en peinture, la réparation des cloisons des sanitaires, les réparations du mobilier, réparation des fenêtres abimées et la reprise des installations électriques.

Un taux d'occupation de 165%

En décembre, après avoir constaté des "conditions de détention indignes" dans cet établissement, le Contrôleur général des lieux de privations de liberté (CGLPL) avait émis une rare recommandation: "suspendre les incarcérations".

Cette autorité administrative indépendante expliquait avoir constaté sur place, mi-septembre, un taux d'occupation de 165% et une "désorganisation générale de la détention" qui ne permettaient "de garantir ni la sécurité des personnes écrouées, ni celle des personnes qui travaillent au centre pénitentiaire".

Début avril, la maison d'arrêt comptait 770 détenus pour "503 places effectives", a précisé sa directrice adjointe, reconnaissant elle-même devant la presse que les conditions de détention à Bois-d'Arcy "ne sont pas acceptables".

Ce mardi matin, le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti a également annoncé que des transferts vers d'autres établissement afin de décongéstionner la détention et favoriser l'exécution des peines. En tout, selon le ministre de la Justice, 123 transferts ont été effectués depuis le 1er janvier 2023.

Le 17 mars dernier, un détenu était retrouvé mort "par pendaison dans une cellule du centre pénitentiaire.

T.N. avec AFP