Soupçons de vol d'œuvres rares à la bibliothèque Jacques-Doucet à Paris: prévenue absente, procès renvoyé

Statue représentant la balance de la Justice. - Damien Meyer - AFP
Le procès, prévu ce vendredi 14 février devant le tribunal correctionnel de Paris, de Marie-Christine J., poursuivie pour des soupçons de recel d'oeuvres rares de la bibliothèque parisienne Jacques-Doucet, a été renvoyé à avril 2026 en raison de l'absence de la prévenue à l'audience.
"C'est très embêtant que Mme Marie-Christine J. soit absente. J'avais beaucoup de questions à lui poser. Ça pose problème", a déclaré le président de la 24e chambre avant de renvoyer l'audience au 17 avril 2026.
Pour justifier cette absence, son avocat Jérôme Wedrychowski a fourni un certificat médical indiquant que l'état de Mme J., âgée de 77 ans, "ne lui permet pas d'assister à une audience judiciaire".
Le tribunal a ordonné "la comparution personnelle" de la prévenue ainsi qu'une "expertise psychiatrique".
"On veut aller au fond des choses. C'est son intérêt de venir s'expliquer", a dit le président.
Une dizaine d'ouvrages
"L'affaire Doucet" a été mise au jour en octobre 2022 dans une enquête publiée par Le Monde. Selon le quotidien, la fille de Marie-Christine J., Sophie Lesiewicz, ex-directrice adjointe de la bibliothèque située dans le 5e arrondissement et qui abrite notamment des originaux de Rimbaud ou Verlaine, aurait pioché dans ses rayons pour son compte personnel.
Juste après la publication de l'enquête, Sophie Lesiewicz, alors âgée de 43 ans et mère d'une enfant de neuf ans, a mis fin à ses jours. "Je n'en peux plus", a-t-elle écrit avant son suicide.
Marie-Christine J. a été interpellée chez elle, à Orléans, un mois après le décès de sa fille. La perquisition de son domicile a donné lieu à la saisie d'une dizaine d'ouvrages qui pourraient provenir de la prestigieuse bibliothèque.
Aux enquêteurs, a rappelé vendredi le président, Marie-Christine J. a expliqué qu'elle pensait qu'il s'agissait d'ouvrages ayant appartenu à son père.
Des oeuvres mises aux enchères
L'affaire a pris une autre dimension quand des oeuvres de la bibliothèque, provenant du legs du collectionneur Jean Bélias à Jacques-Doucet, ont été repérés parmi les lots d'une maison de vente.
Il s'agissait d'une eau-forte de Chagall, d'un portrait d'Erik Satie par Jean Cocteau et d'une oeuvre d'Annette Messager. Or, a rappelé le président, le vendeur de ces oeuvres mises aux enchères était Marie-Christine J.
La Chancellerie des universités qui gère la bibliothèque Jacques-Doucet, et partie civile au procès, a porté plainte pour vol en septembre 2022.
Cette bibliothèque abrite les fonds des plus grands écrivains français, de Charles Baudelaire à Jean Echenoz. Elle compte plus de 140.000 manuscrits originaux, 50.000 livres imprimés enrichis, 800 revues littéraires et poétiques, plus d'un millier de reliures d'art, des photographies, des peintures, sans compter des dessins de Picasso ou des estampes de Braque, Miró et Chagall ainsi que des objets mobiliers d'écrivains.