Violences urbaines: un bus de santé incendié à Bobigny

Le Bus du cœur des femmes, qui organise des dépistages des maladies cardiovasculaires, a été incendié dans la nuit du mercredi au jeudi 29 juin à Bobigny, en Seine-Saint-Denis. - Agir pour le cœur des femmes/BFMTV
Un bus de prévention de santé a été incendié dans la nuit de mercredi à ce jeudi à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, dans le cadre des violences qui ont éclaté après la mort d'un adolescent tué par un policier à Nanterre.
Ce bus -le Bus du cœur des femmes du fonds de dotation Agir pour le cœur des femmes- proposait depuis mercredi et jusqu'à ce vendredi un dépistage gratuit réservé aux femmes, des maladies cardiovasculaires et gynécologiques. Bobigny était la dernière étape de sa tournée avant la coupure estival.
"S'attaquer à un bus de santé, c'est choquant", s'indigne auprès de BFMTV.com Claire Mounier-Vehier, cardiologue et co-fondatrice d'Agir pour le cœur des femmes, qui fait part de sa "tristesse" et sa "sidération".
"Il y avait des femmes ce matin à 9 heures qui attendaient d'être reçues, on a installé un dépistage d'urgence mais on va devoir réduire l'accueil", déplore-t-elle encore.
300.000 euros de perte
Car en plus des quelque 800 dossiers de patientes qui ont disparu dans l'incendie, elle déplore 300.000 euros de perte de matériel médical dont un mini-laboratoire, des électrocardiogrammes, dopplers, appareils de mesure lipidique et de la glycémie mais aussi plusieurs centaines de tensiomètres individuels qui étaient distribués gratuitement aux femmes.
"Les conséquences humaines sont importantes", s'alarme la cardiologue. "Ce sont des vraies pertes de chance."
Elle évoque les récents cas de trois femmes, qui ressentaient des douleurs dans la poitrine, reçues en consultation dans le Bus du cœur. Elles ont pu être sauvées in extremis et envoyées en urgence à l'hôpital - anévrisme aortique pour l'une, infarctus du myocarde pour les deux autres.
Quelque 80 personnels soignants étaient ainsi mobilisés bénévolement dans le cadre de cette étape francilienne, dont des cardiologues, angiologues, diabétologues, gynécologues, sages-femmes, généralistes et infirmiers.
75.000 morts par an
Tous les ans, ce bus parcourt une quinzaine de villes, reçevant en moyenne 200 femmes par escale. Depuis sa création en septembre 2021, ce dispositif a ainsi proposé plus de 6000 dépistages. "Contrairement aux préjugés, les maladies cardiovasculaires ne sont pas réservées aux hommes", rappelle Agir pour le cœur des femmes, dont l'objectif est de sauver 10.000 vies en cinq ans.
Pour rappel, les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité des femmes en France, soit 75.000 morts par an. "Mais avec une prévention adaptée et systématique, le décès peut être évité dans huit cas sur dix", précise l'organisation.
Dans le cadre de leur campagne de dépistage, les équipes médicales ont ainsi remarqué que 90% des femmes dépistées cumulaient au moins deux facteurs de risque cardiovasculaires. Huit femmes sur dix n'avaient jamais bénéficié d'aucun suivi cardiovasculaire et quatre sur dix n'étaient pas à jour dans leur suivi gynécologique.
Le bus est censé reprendre sa tournée le 15 septembre prochain. "Mais on n'a pas les fonds pour remplacer tout le matériel perdu", s'inquiète Claire Mounier-Vehier.