Val-de-Marne: cinq policiers jugés pour des violences commises sur deux frères en 2012

La balance de la justice. - LOIC VENANCE / AFP
Cinq policiers, dont quatre appartenant alors à la Brigade anti-criminalité, sont jugés mardi par le tribunal de Créteil, dans Val-de-Marne, pour des violences sur deux frères, qui avaient eux-mêmes appelé la police en 2012, à Vincennes.
Les deux frères s'étaient interposés
Le 17 mars 2012 à 4H45, Brice, le benjamin, âgé de 31 ans, appelle la police pour les prévenir d'un conflit: un ami, qui s'était disputé avec sa compagne, est menacé par un commerçant qui brandit un couteau.
Brice téléphone aussi à son aîné, Franck. Les deux frères racontent avoir essayé de maîtriser la situation en attendant l'arrivée de policiers, suivis d'une équipe de la Brigade anti-criminalité (BAC) en renfort.
"Je croyais qu'on allait être félicités" mais tout a basculé, selon eux, quand un policier a donné "un coup de poing" à leur ami.
"En deux secondes", lui et son frère sont aussi menottés. "On a fait en sorte que mes doigts touchent mes avant-bras", raconte Franck, qui "hurlait de douleur".
Des constatations médicales feront état d'un arrachement osseux et d'une vertèbre cassée.
"On passe du calme au Far West"
"Il y a deux phases", constate le président de la chambre correctionnelle: "On passe d'une situation calme" avec les premiers effectifs de police arrivés sur place "à une situation où ça part dans tous les sens" avec l'arrivée de la BAC.
"Cela donne une image éloignée de la discipline et de ce qu'on peut attendre des forces de l'ordre", dit le président, qui cite un témoin: "On passe du calme au Far West".
"On n'avait pas eu l'information" que la situation avait été maîtrisée par les policiers arrivés en premier sur les lieux, explique l'un des prévenus, alors policier à la BAC. "Mais vous n'avez pas non plus demandé cette information", souligne une juge. "C'était l'urgence (...) on pensait intervenir pour des violences sur une femme avec un porteur de couteau", répond le prévenu.
L'un des policiers conteste les violences
Les policiers, nés entre 1962 et 1985, décrivent deux frères "virulents". "Ça crie, ça fait des gestes", dit l'un des prévenus, à qui l'accusation reproche des coups de tonfa.
Un autre, à qui il est reproché d'avoir donné des coups de matraque télescopique, assure que le frère, Franck, était "hystérique" et qu'il le pensait potentiellement porteur d'un couteau.
"Le but était de figer la situation pour pas qu'il y ait de blessé de part et d'autre", affirme-t-il. Il conteste les "violences telles qu'elles ont été décrites, jamais de la vie !", répète-t-il à la barre.
Les deux frères ont été démenottés, sans suite judiciaire. "Il nous apparait pas fréquent de menotter et de démenotter des individus sans suite, même pas de convocation rien, pas d'outrage, pas de rébellion...", note le président. "Je n'ai pas pensé à porter plainte", dit le policier.
L'audience se poursuivait dans la soirée.