Téléconsultation en péril, vieillissement des médecins … Comment l'Île-de-France est devenue un désert médical

En Île-de-France comme dans le reste du pays désormais, l'optimisme n'est plus vraiment de mise dans le domaine de la santé. L'inquiétude ne cesse effectivement d'augmenter chez les professionnels et les patients. En cause, des difficultés toujours plus grandes pour trouver un médecin traitant qui accepte de nouveaux patients.
Une réalité qui se dévoile en chiffres, comme a pu l'expliquer la docteure Natacha Regensberg de Andreis, secrétaire générale adjointe de l'Union régionale des professionnels de santé (URPS), auprès de France Bleu Paris le mercredi 2 octobre dernier.
"La moitié de nos médecins ont plus de 60 ans"
D'après elle, si de plus en plus de Franciliens ont du mal à obtenir des rendez-vous rapides chez un médecin, c'est parce que 97% de l'Île-de-France est aujourd'hui considérée comme étant un désert médical: 1,5 million de Franciliens sont dépourvus de médecin traitant.
En guise de comparaison, selon les chiffres de l'union, "seule" 62% de l'Île-de-France était considérée comme étant en état de désert médical en 2022. Plusieurs raisons expliquent cette dégradation de la situation, à commencer par l'âge moyen des médecins actuellement en activité.
"La moitié de nos médecins ont plus de 60 ans et un quart d'entre eux travaille après 65 ans", analyse la secrétaire de l'URPS.
Dans l'attente des répercussions de la suppression du numerus clausus dans les universités de médecine, il faut inévitablement proposer des incitations à la poursuite de l'activité des médecins se dirigeant vers la retraite pour tenter de combler le fossé qui continue de se creuser.
Des cabines de téléconsultation en sursis
Une autre solution temporaire se démarque aussi, en apportant dans les zones considérées comme étant un désert médical des cabines de téléconsultation permettant à des résidents d'une localité de bénéficier d'un rendez-vous plus facilement, avec un médecin pouvant se trouver à l'autre bout du pays.
Problème: comme c'est le cas en Seine-et-Marne, des cabines sont actuellement en train d'être fermées. Du côté de Villiers-sous-Grez par exemple, la seule cabine de cette petite commune de 730 habitants ne fonctionne plus à la suite de la liquidation judiciaire de son exploitant, laissant des riverains démunis.
L'une de ces patientes, Françoise, qui venait en cabine pour effectuer des renouvellements d'ordonnance, fait par exemple partie des victimes de ces fermetures.
Elle qui n'a plus de médecin traitant se dit "très déçue" de la disparition de la cabine, et se voit désormais contrainte "d'attraper des rendez-vous au hasard", ce qui la met "en difficulté", explique-t-elle à BFM Paris Île-de-France.
Si le département se dit "dans l'attente de propositions d'un certain nombre de professionnels qui se sont manifestés auprès de nous et qui nous ont dit être en capacité de redémarrer ces cabines", le problème de fond reste toujours le même, avec des médecins qui désertent de plus en plus les petites et moyennes localités franciliennes.
Visites à domicile, aide à l'installation... Les pistes se multiplient
Pour remédier à la tendance négative, la secrétaire générale adjointe de l'URPS propose plusieurs pistes. Pour inciter les professionnels à cesser plus tardivement leur activité, il faudrait par exemple permettre aux médecins, en situation de cumul emploi-retraite, de continuer à cotiser pour leur régime de retraite.
Dans le même temps, elle prône un meilleur accompagnement pour les jeunes médecins qui visent une première installation, avec notamment un aspect financier incontournable pour les prétendants.
"Beaucoup d'entre eux rechignent à s'installer parce que les conditions ne sont pas du tout attractives. Actuellement, un médecin qui veut s'installer, la première question qu'il se pose, c'est 'est ce que je vais avoir une aide pour pouvoir m'installer'?", analysait la docteure Natacha Regensberg de Andreis sur France Bleu Paris.
La question des visites à domicile est aussi un point incontournable de la difficulté des patients à obtenir un rendez-vous, puisque les seules disponibilités se trouvent parfois bien loin du domicile de chacun.
Et si aujourd'hui 72% des médecins franciliens effectuent régulièrement ce type de déplacements, 37% d'entre eux envisagent de les arrêter car une visite à domicile prend environ trois fois plus de temps qu'une consultation en cabinet. De plus, la rémunération reste moins intéressante et les conditions de trafic en Île-de-France, elles, ne sont pas toujours des plus fluides.