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Seine-Saint-Denis

Conflit d'intérêt, engagement culturel indéniable... La Cour des comptes vient de rendre son rapport sur la Maison de la culture de Bobigny

La Maison de la culture de Seine-Saint-Denis à Bobigny.

La Maison de la culture de Seine-Saint-Denis à Bobigny. - Photo par MOULU PHILIPPE / HEMIS.FR / HEMIS.FR / HEMIS VIA AFP

La chambre régionale d'Ile-de-France de la Cour des comptes a publié son rapport sur la Maison de la culture de Seine-Saint-Denis. Et si l'intérêt culturel et artistique de l'association ne fait aucun doute, sa gestion reste perfectible.

Le 23 juin 2024, le conseil d'administration de la Maison de la culture de Seine-Saint-Denis (MC93), à Bobigny, se prononce en faveur d'un projet culturel. Un des membres vote deux fois. Un collègue, lui a laissé des consignes de vote. Pour l'absent, l'enjeu est plus important que pour les autres. Et pour cause, il participe au spectacle qui se jouera à la MC93. Dans les faits, il s'agit d'un conflit d'intérêt. C'est en tout cas la conclusion qu'en tire la chambre régionale d'Ile-de-France de la Cour des comptes dans son rapport sur l'association publié ce lundi 13 octobre.

Dans l'ensemble, l'instance salue "l'engagement artistique, culturel et territorial indéniable" de l'association, un public qui répond présent ou encore le pilotage de la structure. Néanmoins, elle alerte sur une gestion perfectible et un conseil d'administration dont la composition serait une "source potentielle de conflits d'intérêts", ainsi qu'un non-respect des règles de la commande publique, à laquelle l'association est soumise, puisque ses financements dépendent pour 60 % de subventions publiques.

Sur l'étude du cas du conflit d'intérêt, la cour affirme ne pas avoir pu déterminer si le conseil d'administration "avait été averti ou non de la participation de l'intéressé à ce spectacle. "Interrogée, à ce sujet au cours de l'instruction, la directrice" avait assuré avoir eu connaissance de ce point. Mais les éléments fournis à la Cour des comptes, n'ont pas permis "de confirmer ce propos".

Pour pallier ces manquements, la chambre régionale de l'instance recommande à la MC93 de se doter d'une procédure ou d'un dispositif efficace pour prévenir les risques de conflits d'intérêts. De son côté, l'association affirme avoir modifié son règlement intérieur en ce sens, en janvier 2025.

Une nette concentration des pouvoirs dans les mains de la directrice

Par ailleurs, un constat général, émerge de ce rapport dont l'exercice porte sur plusieurs années, entre 2019 et 2024. Il met en évidence la nette concentration des pouvoirs dans les mains de la directrice de la MC93, Hortense Archambault. "Les statuts confèrent à la directrice de larges prérogatives, tant sur le volet artistique et culturel que sur celui de la gestion des ressources de l’association", relève la cour.

Plus concrètement, selon la Cour des comptes, Hortense Archambault est "seule responsable du choix des moyens d'action", mais aussi décisionnaire de la "programmation de la scène nationale et des artistes qu'elle accueille en résidence."

Outre ces deux points, la Cour des comptes reconnaît à la MC93 un "engagement artistique, culturel et éducatif indéniable". Les années passant, le public se presse de plus en plus pour assister aux spectacles proposés par l'association. Labellisée "scène nationale", la MC93 se place en référence culturelle et artistique, dans son domaine de prédilection: le théâtre.

Amélie Com