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Seine-Saint-Denis: la balle d'un policier termine dans la vitre d'un bus RATP, le chauffeur saisit l'IGPN

L'entrée des locaux de l'IGPN, la police des polices, à Paris.

L'entrée des locaux de l'IGPN, la police des polices, à Paris. - Christophe ARCHAMBAULT

Un fonctionnaire a ouvert le feu à deux reprises sur un véhicule qui refusait un contrôle, le 21 septembre. Une des balles a atterri sur la vitre d'un bus de la RATP. Le conducteur a saisi l'IGPN ce vendredi. BFM Paris Île-de-France a pu consulter la plainte.

En septembre dernier, la balle d’un policier a terminé sa trajectoire dans la vitre d’un bus de la RATP après le refus d’obtempérer d'un autre véhicule. Ce vendredi, le conducteur du bus a déposé plainte auprès de l’IGPN pour mise en danger de la vie d’autrui, a appris BFM Paris Île-de-France d’une source proche du dossier.

Les faits remontent au mercredi 21 septembre. Il est 15 heures, rue de Landy à Saint-Ouen quand le conducteur d'un véhicule refuse de se soumettre à un contrôle de police. À la suite de ce refus d’obtempérer, un policier, qui se sent en danger, fait usage de son arme de service à deux reprises.

Le véhicule du conducteur termine sa course à l’angle des rues Capitaine-Dreyfus et de la rue Landy. Les deux suspects prennent la fuite à pied, mais l’un d’eux finit par être interpellé et placé en garde à vue.

Lors de l’intervention, une balle termine sa course dans la vitre latérale avant du bus. Aucun blessé n'est à déplorer mais le conducteur, machiniste à la RATP depuis avril 2022, reste marqué par cet événement. BFM Paris Île-de-France a pu consulter la plainte du conducteur de bus.

"Pour moi, c'est le troisième policier qui a tiré"

"Le 21 septembre 2022, alors que je conduisais le bus de la ligne 173, mon véhicule a été la cible d'un projectile à la suite de l'usage d'une arme par un policier. Je me trouvais dans le flot de la circulation sur la rue du Landy, limitrophe à Saint-Ouen et Saint-Denis”, détaille celui qui a assisté au refus d’obtempérer.

"Ils ont arrêté leur véhicule en travers de la route face à mon bus. Ils n'avaient pas de gyrophare ou du moins je n'en ai pas le souvenir. (...) les policiers, au nombre de trois me semble-t-il, sont descendus de la voiture. Deux sont partis sur la droite du bus. (...) le troisième sur mon côté gauche."

Le conducteur observe la scène dans son rétroviseur. "J’ai vu un véhicule arriver à pleine vitesse dans le même sens de circulation que mon bus. Vu que moi, j'avais un peu avancé dans le virage, juste avant le barrage de police, lorsque j'ai vu arriver cette voiture elle a d'abord essayé de passer sur mon côté droit, où se trouvaient deux policiers. C'est à cet instant qu'ils ont déployé la herse. Du coup, la voiture a mis un coup de volant et a contourné l'arrière de mon bus en se dirigeant sur le côté gauche, là où se trouvait un seul policier. (...) C'est à ce moment-là que j'ai entendu deux tirs. Pour moi, c'est le troisième policier qui a tiré", détaille-t-il.

Le conducteur précise que les policiers avaient leurs armes à la main. Il raconte ensuite que la voiture a continué, que les policiers ont repris la herse, sont remontés dans la voiture et sont partis.

Des passagers quittent le bus en courant

Après l'événement, le conducteur raconte qu'après-avoir tourné rue Cheminot, certains passagers sont partis en courant lorsqu'il a ouvert la porte du bus. D'autres ont refusé de quitter le véhicule par peur de ce qu'il se passait à l'extérieur. Des passagers lui ont signalé la vitre brisée à l'arrière du bus, la vitre latérale "à la moitié du bus, quasiment face à la porte opposée".

Le conducteur explique alors avoir fait la manipulation de sécurité qui permet un enregistrement et un contact avec le centre de régulation. "J'ai pris les coordonnées de certains témoins, car j'ai eu peur qu'on craigne que ce soit moi qui ait cassé ou autre, car sur le moment, c'était improbable", confie-t-il.

"Aujourd'hui, je suis toujours en arrêt"

"Par chance, personne n'a été blessé. Cependant me concernant et depuis les faits, je suis en arrêt de travail. J'ai été envoyé à l'hôpital le jour même, car c'est le protocole. J'ai été arrêté initialement 10 jours pour des troubles psychologiques par rapport aux faits. J'ai ensuite été re-prolongé. Aujourd'hui, je suis toujours en arrêt", affirme-t-il.

Il explique que l'incident a également joué sur l'obtention d'un CDI auprès de la RATP, ainsi que sur sa vie privée. "Lui il a tiré, il est rentré sans soucis chez lui. Moi depuis les faits tout s'écroule. Sur le moment, je n'ai pas compris, mais depuis c'est compliqué. Je suis devenu très colérique. Je pars au quart de tour pour rien. Je stresse. Ma vie de couple est compliquée, je suis sans cesse en stress. Tout ça pour un truc dont je ne suis pas responsable", a-t-il déploré.

Constance Bostoen avec C.L.