Seine-et-Marne: un ex-dirigeant d'association humanitaire jugé pour détournement de fonds publics

Le tribunal de Meaux (Seine-et-Marne) - Google Street View
Salaire net mensuel à cinq chiffres, véhicule de fonction luxueux: le procès pour détournement de fonds publics d'un ancien dirigeant d'une association d'aide aux migrants et sans-abri s'est ouvert mardi 10 juin au tribunal judiciaire de Meaux.
Directeur général entre 2019 et 2021 d'Equalis, une association qui gère notamment des centres d'accueil pour migrants ou encore le numéro d'urgence dédié aux sans-abri (115) dans plusieurs départements d'Île-de-France, Arthur Anane, 64 ans, est poursuivi pour détournement de fonds publics.
En septembre 2021, le Canard Enchaîné avait épinglé son train de vie confortable aux frais de la structure humanitaire: un salaire de "11.400 euros net par mois", "une Audi Q7 de fonction", louée pour 2.097 euros mensuels par Equalis et "533 euros mensuels" pour son logement, en sus des quelque "200.000 euros brut annuels" de rémunération.
Refus d'un commissaire aux comptes
Selon l'hebdomadaire satirique, avant ces révélations, un commissaire aux comptes avait refusé quelques mois plus tôt de certifier la gestion de cette association dont le siège se situe en Seine-et-Marne et saisi le parquet de Melun, débouchant en septembre 2021 sur l'ouverture d'une enquête pour "abus de confiance".
Du côté d'Equalis (83 millions d'euros de budget et environ 900 collaborateurs), l'association expliquait à l'époque à l'AFP comprendre "l'émotion générée" par ces révélations tout en soulignant "que les éléments de rémunération cités (par le Canard Enchaîné) amalgament des éléments récurrents et des éléments exceptionnels".
"La question des véhicules de fonction était déjà en traitement au sein de l'association", qui assurait entreprendre "très vite des actions correctrices comme cela avait déjà été décidé", écartant de facto toute mise à l'écart d'Arthur Anane.
Une figure émergente du milieu associatif francilien
Un audit interne diligenté par la structure à l'été 2021, n'avait révélé aucune fraude.
Cette affaire a suscité l'émoi dans le milieu associatif, notamment car Arthur Anane en était alors une figure, après avoir été élu en 2020 président de la branche Île-de-France de la FAS, la Fédération des acteurs de la solidarité, regroupant des centaines d'associations luttant contre la grande exclusion.
Il a par ailleurs été décoré de la Légion d'honneur en 2016. Il encourt cinq ans d'emprisonnement et 500.000 euros d'amende.